Performance

Performance

3 août 2024 Non Par Paul Rassat

La performance du monde politique français actuel est assez nettement décevante. La performance est l’ « Ensemble des résultats obtenus par un cheval de course sur les hippodromes », ou bien le « Succès remporté par une personne; action, exhibition, interprétation demandant des qualités exceptionnelles… ». Dans le milieu artistique, la performance est devenue l’équivalent d’une œuvre. Pour l’étymologie du mot, le dictionnaire mentionne : « Empr. à l’angl. performance « accomplissement, réalisation, résultats réels » att. dep. la fin du XVe s. et employé dans un champ très vaste dont le domaine du sport n’est qu’un ex. particulier; d’où à partir de « exécution d’une œuvre littéraire ou artistique », le sens de « exécution en public, représentation, spectacle ». Et, comme bien souvent, l’anglais a emprunté le mot à l’ancien français, parformer en l’occurrence.

Image : IA sollicitée par © Julien Rassat

Performatif

Les verbes performatifs réalisent une action en même temps qu’ils l’énoncent. «  Fiat lux » en est le meilleur exemple. En même temps que Dieu prononçait la formule ( en quelle langue ?) la lumière apparaissait, paraît-il. Dans un article du journal Le Monde, Mariette Darrigand montre qu’elle ne croit pas trop au langage performatif en-dehors du pouvoir divin. Nos responsables politiques ne font pas de miracles comme Jésus lorsqu’il prononça «  Lève-toi et marche ! »  En même temps », « Faire de la politique autrement » ne relèveraient d’aucune dimension divine propre à dépasser les habituelles pratiques d’enfumage politique. Si Jupiter est maître des horloges, c’est qu’on regarde désormais l’heure sur son téléphone.

Le travail performatif

«  Face à cette nouvelle éthique du faire ( plus d’écologie, plus d’inclusivité…) qui émerge dans le monde de la production, la lutte des places qui se joue dans l’arène politique paraît ridicule et obsolète. Travailler, c’est bien autre chose. » On notera au passage le « face à » qui évite toute relation logique, de cause ou de conséquence : notre monde continue d’être dans le constat stérile. On relèvera que la lutte des places a remplacé la lutte des classes. Et on sourira en se disant que l’inclusivité parfaite inclut l’inclusivité, avant de redevenir sérieux. Mariette Darrigand explique que travailler ne consiste pas à être capable d’occuper une place. Le véritable travail consiste à utiliser son corps et son esprit réunis pour répondre à une nécessité intérieure afin de créer pour se rendre libre.

Le performatif vrai

Le recours à la notion de « contrat » en toutes circonstances reflète le peu de véritable motivation de ceux qui les signent, de bon gré ou contraints. L’inflation de la langue trahit la faiblesse de ceux qui s’expriment.  Des paroles fortes, des actes forts, de vraies gens, le «  faire »…autant mots qui traduisent le vide. Moins on en fait, plus on en parle. La poésie qui fabrique l’objet, elle, fabrique en même temps le poète. Le véritable performatif est certainement là. Et puisque le performatif et la performance voisinent, ne reste plus à nos responsables politiques qu’à espérer un maximum de performances aux Jeux Olympiques.