Réunification des deux Corées, texte de Joël Pommerat.

Réunification des deux Corées, texte de Joël Pommerat.

12 juin 2025 Non Par Paul Rassat

Le 10 juin une troupe d’amateurs donnait Réunification des deux Corées. C’était la générale, dans la salle toute simple de Massilly qui avait accueilli en son temps Mitterrand venu voir Le livre de ma mère mis en scène pour la première fois par Jean-Louis Hourdin.

Épuiser l’amour ?

Simplicité : quelques bancs pour le public, pas de décor ; la proximité crée une forme de complicité bienvenue. On trouvera ici ou là, sans doute, de savantes analyses du texte de Pommerat. Il tourne autour de l’amour…sans l’épuiser. On pourrait presque remplacer le titre par «  Quand les poules auront des dents. » Une troupe d’amateurs dirigée par Priscille Cuche répète pour la dernière fois. Si le thème des scènes qui se succèdent est l’amour impossible, insaisissable, indéfinissable, la représentation en est le miroir inversé : complicité, attention à l’autre, amitié habitent les actrices et les acteurs. On chuchote une réplique que l’autre a oubliée, s’entraide. Avec parfois une étincelle d’humour dans le texte, qui allège le poids du propos.

Par-delà l’amour

Mais le sujet est-il bien l’amour ? Celui-ci n’est qu’un révélateur, souvent en creux. Il pose la question de l’identité, de la propriété, de la conformité. Un mari parti dix ans plus tôt ouvre avec ses propres clés la maison où son épouse vit avec son nouveau compagnon. Il revient réparer un oubli : dire au revoir. Et repart aussitôt laissant le compagnon perplexe : est-il bien chez lui ? La clé vaut-elle propriété ? De la maison, du cœur de l’autre ?  En est-on d’ailleurs propriétaire ? Cette succession de scènes montre à quel point l’amour est indéfinissable. Il prend, dans la bouche et le cœur de chacun, une connotation différente. D’où les incompréhensions, les conflits qui  touchent à l’absurde mais par-delà lesquels il faut chercher à atteindre  l’impossible, l’ « inaccessible étoile ».

D’après Jean-Louis Hourdin, le théâtre permet d’ « anticiper la réconciliation ». C’était le cas ce 10 juin 2025 à Massilly.