Servitude
15 décembre 2025La servitude volontaire que dénonce Étienne de La Boétie est-elle du masochisme ? Le discours de La Boétie date de 1574. La Vénus à la fourrure de Leopold Sacher-Masoch est publié en 1870. Donald Trump déclare en 2005 qu’une star peut tout se permettre ; même attraper les femmes par la chatte. Si – admettons – la servitude est du masochisme qui convient aux gens qui la vivent, une société idéale devrait comporter autant de sadiques que de masochistes. Chacun y trouverait son compte. Il apparaît malheureusement que le nombre de celles et ceux qui subissent est très largement supérieur à celles et ceux qui jouissent car les règles du jeu ne sont pas clairement établies. Ou bien qu’elles ne sont pas respectées.
Expériences « immersives »
La manipulation des esprits et des corps est telle que fleurissent les « expériences immersives » qui relèvent d’un sadisme proposé comme un jeu. Ne serait-il pas le reflet d’une manipulation sadique qui fait espérer à certains le retour du fascisme ?
Il y a ces restaurants où les serveurs insultent les clients, se moquent d’eux, les traitent avec mépris, parfois avec agressivité. On en trouve aux USA. En Corée du sud ou au Japon des camps imposant une discipline militaire accueillent des touristes. En Allemagne une ancienne prison militaire des USA a été transformée en hôtel. Son slogan ? « Dormir enfermé volontairement. »
À grande échelle
À Berlin, Londres, New York les visites touristiques peuvent inclure moqueries et humiliations. La liste est longue de ces expériences masochistes volontaires. Elles vont jusqu’à élire certains dirigeants à la tête de pays. Pitoune a pour objectif ultime – « Ultime » est tendance – de reconstruire le mur de Berlin. Il traite ses hôtes si durement qu’ils ressortent d’une entrevue sonnés et continuant à faire des claquettes en public. Que dire de la façon dont il traite ses voisins ! Don Tru, lui, reçoit ses hôtes assis. Il les humilie en public et leur assène un « Tu es viré » dès qu’on lui résiste. Il est à la tête d’une immense entreprise de nettoyage qui assure une propreté impeccable de son fondement. À plus petite échelle, Nicolas S. propose des séjours de vingt jours en prison (conditions réelles). Le temps d’écrire un livre.
Servitude volontaire
« Pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal et aveugles à votre bien ! Vous vous laissez enlever sous vos yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos champs, voler et dépouiller vos maisons des vieux meubles de vos ancêtres ! Vous vivez de telle sorte que rien n’est plus à vous. Il semble que vous regarderiez désormais comme un grand bonheur qu’on vous laissât seulement la moitié de vos biens, de vos familles, de vos vies. Et tous ces dégâts, ces malheurs, cette ruine, ne vous viennent pas des ennemis, mais certes bien de l’ennemi, de celui-là même que vous avez fait ce qu’il est, de celui pour qui vous allez si courageusement à la guerre, et pour la grandeur duquel vous ne refusez pas de vous offrir vous-mêmes à la mort.
Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas aussi les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ? Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était d’intelligence avec vous ? Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs du larron qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les traîtres de vous-mêmes ?
Vous semez vos champs pour qu’il les dévaste, vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu’il puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vos enfants pour qu’il en fasse des soldats dans le meilleur des cas, pour qu’il les mène à la guerre, à la boucherie, qu’il les rende ministres de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances.
Vous vous usez à la peine afin qu’il puisse se mignarder dans ses délices et se vautrer dans ses sales plaisirs. Vous vous affaiblissez afin qu’il soit plus fort, et qu’il vous tienne plus rudement la bride plus courte. Et de tant d’indignités que les bêtes elles-mêmes ne supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de le vouloir. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre. »
Discours de la servitude volontaire Étienne de La Boétie 1574

La servitude volontaire n est ce pas une illustration de la démocratie ?
En tous cas très croisée à notre époque parce que cela plaît sans doute et rassure