Si et comme si

Si et comme si

14 septembre 2024 0 Par Paul Rassat

Comment passe-t-on de si à comme si ? Du si hypothétique de Denis Guedj, si on était des cowboys et des Indiens ? Et si on était.. ? Le si de tous les possibles qui permettent de dépasser le poids du quotidien ? Le poids de la tradition accumulée, celui de l’expérience qui fige. Le si créateur. Comment passe-t-on de ce si créateur au comme si ? Faire comme si. Faire selon les règles des autres. S’ennuyer à l’école, mais c’est pour ton bien, pour ton avenir. Travaille sans comprendre, tu comprendras plus tard et ça te sera utile. Cette phrase magique comble un vide factice : le vide de sens, de contenu. Apprendre, apprendre, apprendre sans savoir pourquoi.

Faire comme si

Apprenant sans savoir pourquoi, on apprend à se taire, à faire comme si. Comme si les choses avaient du sens, comme si nous prenions plaisir à les faire, et à faire comme si elles nous enrichissaient. À force de faire comme si, il est possible de simuler le plaisir, à l’école, dans la sexualité, au travail, dans tous les domaines de la vie.

La reproduction sans plaisir

Nos dirigeants sont passés maîtres dans l’art de faire comme si. Bien conscients d’avoir été eux-mêmes manipulés, ils manipulent en retour les gens desquels ils veulent les voix afin de ne pas avoir subi pour rien ce qu’ils ont enduré. C’est ce que l’on nomme la reproduction sans plaisir !

Saucissonner

Puisque de plaisir il est question, on ne prend plus plaisir à faire quelque chose, on prend du plaisir. Celui-ci se mesure, s’additionne, se soustrait, se saucissonne. Il est possible d’en ajouter quelques particules dans un produit sinon fade. Tout comme un entraîneur de football peut déclarer : «  On a mis de la qualité dans le jeu. » Celle-ci n’est pas inhérente, elle s’ajoute éventuellement, pour faire comme si.

La pensée hypothétique

Rappel du livre de Denis Guedj La gratuité ne vaut plus rien

« Aujourd’hui, plus encore que par le passé, on assiste au déchaînement de la pensée-gestion. Suite d’affirmations assurées:

 1° Il est vrai que ceci est.

 2° Il est nécessaire d’en tirer les conséquences.

 3° Il est capital que ces conséquences, tirées du REEL, soient considérées comme les seules valides. En dehors d’elles, chimères et délires!

   Traire ce qui est pour nourrir “l’état des choses” et le faire perdurer, voilà le traitement que les gestionnaires de l’ETANT infligent au monde.

   Qui ne reconnaît là la pensée technocratique ? Et, de plus en plus fréquemment, celle des politiques qui les singent. Qu’avancent ces” réalistes” ? Les choses sont ce qu’elles sont, on n’y peut rien. Il faut en tenir compte. Et ils en tiennent les comptes mêmes !…

Heureusement…

 Nous disposons, heureusement, d’un autre type de pensée, la pensée hypothétique ou conditionnelle: “SI..,alors..” C’est le “si” des enfants: si j’étais ceci…Qui interdit qu’il ne soit également celui des parents ? Il fonctionne comme une machine à tisser  des liens “en puissance”…

en puissance et pas virtuels. Dès que, par l’esprit, la liaison entre ceci et cela est établie, un choix se présente….

 Seule une pensée (un peu) libérée de la dictature de “l’état des choses” peut s’opposer à la pensée-gestion. N’être plus plombé par le Réel, tout en ne le niant pas, permet de l’anticiper et procure quelques moyens de le faire être autrement qu’il s’apprête à être, et qu’il sera si je ne m’en mêle pas… »