Simon & Lucie

Simon & Lucie

4 décembre 2024 0 Par Paul Rassat

 Impressions de lecture de Simon & Lucie, album d’Alain Kokor d’après l’œuvre de Diastème. Simon et Lucie? Étymologiquement Dieu a entendu ma souffrance  et Lumière. Entre les deux : l’amour. Mal parti, parce qu’on peut se demander pendant un bon moment si l’existence de Simon est bien réelle. Ne serait-il pas l’expression du degré de sensibilité de Lucie ? Une extension-expansion qui permette d’échapper à la solitude. Peut-être aussi la concrétisation d’une conscience très élevée de la vie, de ses enjeux. Du cosmos, du sens de la vie, de son absurdité. La conscience aigue qu’un adolescent a de ce qui lui fait peur : ce qu’il va devenir. « Alors j’ai regardé les étoiles avant qu’elles disparaissent pour en choisir une. Et partir avec elle. »

Sans fin

Cependant Simon existe bel et bien. Au point que son psy lui dit : «  Vous ne vous souvenez pas des fins parce que vous ne voulez pas que ça finisse. » Et Simon de déclarer : «  Sacré docteur Walter, il me fait chier à croire que tout est explicable, rationnel, cohérent… » Étudier son passé, l’analyser pour se délester de son poids ? Paradoxe.

Drôle de bastringue

La profondeur des étoiles, leur musique s’enrichissent , s’incarnent dans les vers de Racine : «  — Avouez-le Madame, l’amour n’est pas un feu qu’on renferme en une âme / Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux et les feux mal couverts n’en éclatent que mieux…. » La poésie et l’humour ajoutent à l’amour : « Bilingue, trilingue, carlingue ? Bastringue ? Meringue ? » Drôle de bastringue que ce Simon & Lucie. Version puzzle dont les pièces s’ajustent enfin.

Simple, fouillis, évident, le dessin porte le fil narratif ; il est à son service de façon indissociable.

— Il y a un peu de Proust, dans Simon & Lucie.

— Avec du Racine, bien sûr.

— Et un chouïa de Freud, de psy, en tout cas.

— Avec beaucoup d’amour et de poésie.