Singe
10 novembre 2025Il semble que le mot singe viendrait du nom d’un animal connu dans les contes et fables sous ce nom. Un peu comme le « renard » du Roman remplace le goupil. Renard serait un anthroponyme devenu un nom commun.
Revenons au livre Images dans les marges à peine effleuré par la taupe Talpa. Creuse un peu plus ici. Il nous apprend que dame Marguerite pouvait admirer son propre portrait dans son livre d’heures. Et pour décrire les petits être marginaux peuplant son livre, elle « aurait pu recourir aux termes latins de fabula ou de curiositates, mais, femme laïque, elle aurait plus vraisemblablement utilisé une variante du terme babuini d’où nous vient babouin… » Nous apprenons ensuite que simius pourrait dériver de similitudo, parce que le singe veut imiter tout ce qu’il voit faire.
Le singe et l’image
Au fond, l’image serait un singe de la nature, du réel. Et il est intéressant de relever que le mot « singe » est l’anagramme de « signe ».
Si les « singes » peuplent les marges des livres du Moyen Âge, n’auraient-ils pas envahi la place centrale de nos sociétés actuelles ? On ne cesse de dénoncer la pensée unique, d’annoncer des changements de paradigmes. Mais au fond que se passe-t-il ? Les algorithmes, la publicité, les influenceurs, la manipulation politique, la manipulation de la vérité nous entraînent vers une conformisation de la pensée qui culmine dans la théorie du complot.
Effrayer pour dominer
Qu’allait célébrer François Mitterrand à la Roche de Solutré ? Ce relief est connu essentiellement pour sa falaise abrupte. Mais on l’ atteint en marchant très tranquillement sans grand effort. Traqués et effrayés par les chasseurs de la préhistoire, les animaux se jetaient d’eux-mêmes dans le vide. Il n’y avait plus qu’à récupérer ce qu’il en restait au pied de la falaise.
« On exorcisait une terreur en la déversant à la périphérie du monde habité ([ ou dans les marges des livres] sur des hommes inférieurs, troglodytes ou pygmées…Aujourd’hui encore, du reste, les bidonvilles, de la ceinture sont ressentis comme des lieux infects où toutes les monstruosités sont possibles, où naît un homme différent, aberrant par rapport au modèle central. » (Piero Camporesi) « Les « quartiers » à nettoyer au Kärcher, les noirs qui ne seraient pas assez entrés dans l’Histoire…
Qui est le singe de qui ? Quand on relègue la différence dans la périphérie, on demeure entre singes.

