Sylvain Dorange

Sylvain Dorange

1 mai 2023 Non Par Paul Rassat

Grâce à Sevrier BD, rencontre, dimanche30 avril 2023, avec le dessinateur Sylvain Dorange pour évoquer le livre sur les Klarsfeld et le dernier, sur Gisèle Halimi.

Vue de Sevrier BD

Les Klarsfeld

J’ai cru comprendre qu’il y a parfois un plus grand souci de vérité que de réalisme dans l’album sur les Klarsfeld. Dans votre dessin.

Nous avons eu plein de retours des Klarsfeld. Pas sur le côté narratif, mais ils vérifiaient que les dates étaient bonnes, si les lieux étaient les bons, si les habits correspondaient. Il fallait que tout soit juste. Ils ont une très bonne mémoire, surtout Serge. Ils se rappelaient les dates, les lieux, mais aussi le temps, la pluie, le vent…

Quelle est alors la liberté du dessinateur ?

C’est la mise en scène. La pluie est un habillage, mais il y a les plans, le cadrage.

Gisèle Halimi

Ce qui nous amène au livre sur Gisèle Halimi. Vous connaissiez la Tunisie ?

En BD les auteurs ne sont pas très bien payés et les éditeurs ne financent pas les voyages. J’étais parti à Marseille pour Les Contes de l’Estaque parce que ce n’est pas loin et j’avais des potes là-bas. Mais pour une BD à Harlem, non. Je n’étais jamais allé en Tunisie.

Comment ça fonctionne pour rendre l’histoire dans son cadre ?

J’ai lu pas mal pour avoir les sensations, les intentions des gens qui marchent dans Tunis. J’ai vu beaucoup de films contemporains, d’époque.

Ni les odeurs.

J’ai consulté des peintures de l’époque pour retrouver la couleur des habits. J’ai des amis tunisiens qui m’ont apporté de la doc. Il faut chercher partout. Sur certains salons, comme ici, des gens savent sur quoi je travaille et m’apportent de la doc, ou m’en envoient après, par mail.

La véracité

Il faut être vraiment curieux.

Intéressé en tout cas. Pour revenir à la véracité, s’il y a un paquet de cigarettes, je veux qu’il porte le bon logo, de la bonne année. Pour un paquet de Lucky Strike, par exemple, il me fallait le bon logo de l’année 63. Sur l’album d’Halimi, la scénariste parlait d’une chanson, qui était sortie une année après le moment de la narration. Je le lui ai dit, et elle a trouvé une autre chanson.

Trouver un subtil équilibre

Du dessin  émane une mosaïque sociale, politique, religieuse. Votre dessin accompagne précisément sans alourdir ni freiner la compréhension des choses.

Quand j’accepte un projet, ce qui m’intéresse est le fond, le sens, mais surtout la manière de le raconter. Est-ce que ça va être lisible ? Est-ce qu’on ne va pas s’ennuyer ? Trop de la doc ? Je préfère une fiction légère qui avance, et qu’on soit dedans. Donc aucun frein à la lecture, aucune erreur. Le scénariste apporte tout le reste.

Il y a un clin d’œil à Sidi Bou Saïd, la mosquée de la Zitouna, aux souks…

Comment a été conçue la couverture ?

Je voulais une petite Gisèle convaincue, seule à Tunis, qui prend les choses en main. Avec la notion d’ouverture, d’espoir.