Zététique aux Trésoms / Annecy le 16/12/2021

Le Lions Club Annecy Impérial organise, en partenariat avec l’Observatoire Zététique, une conférence animée par Aurèle Durand et Virginie Bagneux. L’accès à la conférence est libre et gratuit. Pour le dîner en option qui suivra (45 euros), inscription obligatoire avant le 10 décembre pour le repas sur le lien :

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Ou par mail auprès d’Anne-Marie Balbinot :  a.marie.balbinot@orange.fr

Entretien avec Virginie Bagneux

Vous êtes psychologue et spécialiste de zététique. Quels sont les liens entre ces deux disciplines ?

La psychologie s’intéresse aux processus de pensée de manière générale. Parmi ceux-ci il y a tous les processus biaisés soit par des émotions soit par le contexte. Décortiquer le traitement de ces informations à l’aune de ces biais est tout l’enjeu de la zététique. Celle-ci n’est qu’une application plus globale des connaissances qu’on a en psychologie et aussi dans la méthode scientifique. Les liens résident vraiment dans les processus décisionnels qui animent mes recherches en psychologie. J’ai ainsi vu la zététique comme un outil concret et plus large que la psychologie puisqu’il emprunte à la philosophie, aux mathématiques… Cet outil permet d’étudier des sujets sur lesquels l’approche est potentiellement biaisée.

Véracité et biais cognitifs

Vous devez vous analyser vous-même en permanence pour savoir si vous n’êtes pas dans les préjugés ou dans les biais cognitifs !

C’est un peu l’attitude du scientifique lorsqu’il traite de l’information pour expliquer le monde qui l’entoure. Il faut toujours le faire avec une certaine humilité épistémique. À chaque étape il doit juger de la véracité de ses conclusions, s’assurer que, ce qu’il sait, il le sait vraiment. Il doit en exclure ses motivations personnelles et tous les biais.

Dans certains domaines la subjectivité, certains biais sont inévitables. Voire profitables.

Dans la vie de tous les jours notre cerveau, qui est à l’origine de ces biais, est relativement adapté. Il nous sert justement à nous adapter, conformément à l’approche darwinienne. Il est capable de discerner la solution la plus vraie ou la plus optimale. Ce qui nous mène, dans certaines situations, à nous éloigner de l’objectivité. C’est là que la zététique nous donne des outils concrets et faciles à mettre en œuvre pour se questionner et savoir si nous sommes dans l’exactitude ou dans l’adaptation. S’il y a adaptation, est-elle éclairée ou non ? Il y a toujours la question de l’objectif.

Recherche de vérité plus que de pouvoir

Les gens qui font preuve d’esprit critique dérangent les chemins tout tracés. Ils peuvent passer pour des enquiquineurs.

On interroge des choses qui sont assez intuitives, oui. Pour savoir si elles sont fondées, et quelle alternative leur opposer si elles ne le sont pas. La posture d’humilité et de bienveillance doit toujours primer. Il ne s’agit pas de ressortir gagnant d’un duel, de s’imposer mais de rechercher une vérité.

Dans les débats politiques ou autres on oublie souvent l’approche objective parce qu’il faut imposer son point de vue avant tout.

C’est toute la distinction entre convaincre et informer. Le rôle du zététicien est de s’assurer que la personne prend la  décision la plus éclairée possible. Il n’a aucun intérêt à conduire les individus dans un sens ou dans un autre. Bien sûr, dans le domaine de la santé, il faut alerter sur les dangers de certaines médecines alternatives délétères. Notre rôle est alors de questionner la personne sur ses connaissances à propos des principes actifs de l’homéopathie, par exemple. De la faire réfléchir, chercher d’autres approches susceptibles d’apporter au moins les mêmes bénéfices, voire plus. Il faut non pas conseiller à se détourner de certaines pratiques mais amener à se poser des questions. Pour mieux gérer sa santé et sa qualité de vie.

La zététique pour éclairer dès le plus jeune âge

Vous éclairez le chemin et la démarche.

C’est en tout cas notre idéologie, même si on n’y arrive pas toujours.

Il serait intéressant d’utiliser l’approche de la zététique dès le plus jeune âge, dès le début de la scolarité.

Les travaux scientifiques sur cette question vont dans ce sens. Ils montrent qu’une culture scientifique profite  à la rationalité quel que soit l’âge et diminue l’adhésion à tout un tas de croyances infondées dont les pratiques pseudo-scientifiques qui utilisent le langage de la science sans en appliquer les princeps et n’ont donc aucune validité.