Ugo Rondinone au MAH / Genève
28 février 2023Carte blanche à Ugo Rondinone. Ainsi est présentée l’exposition ( jusqu’au 18 juin 2023 au Musée d’Art et d’Histoire) par laquelle Ugo crée des correspondances entre ses œuvres, celles de Félix Vallotton et de Ferdinand Hodler. Une ronde avec Rondinone. Celui-ci nous fait traverser le miroir qui relie le jour et la nuit, l’avers et l’envers. Le tout forme une farandole profonde et silencieuse qui invite à la méditation. « Calme, luxe et volupté… »
Vers le paradis ?
Frustration cependant. Les deux cercles sculptures de cinq mètres de haut, the sun et the moon, ne sont pas traversables. Le visiteur traverse donc métaphoriquement le monde, le miroir, par le regard. Souvenir de la mosquée de Kairouan. Années 60. Les travaux avaient, un temps, ouvert le bâtiment au public. Passer entre deux colonnes très rapprochées assurait le paradis ! La carte blanche à Ugo Rondinone mène-t-elle au paradis ? En tout cas, elle apporte de la couleur.
La venue de la Vénus
Lumière, noir et blanc, clarté, obscurité, voilé, dévoilé, monumental, intimiste, le parcours joue de toutes ces facettes. Rondeur ici avec les sculptures de Rondinone, les toiles de Vallotton. Tranchant des gravures en noir et blanc de celui-ci rendues plus acérées encore par leurs légendes. Pendant ce temps, ce jour-là, une dame assise écrit un texte qui relie une baigneuse de Vallotton et un penseur de Rondinone. Faire venir la Vénus nue jusqu’à la pensée sculptée. Bel essai !
S’emparer, s’approprier, habiter
Les verbes s’emparer, s’approprier sont à la mode. Pourquoi ne pas leur préférer habiter ? Il partage la même étymologie qu’avoir. Le verbe latin habere a donné aussi habitus, habitude. L’habitat serait-il une habitude ? Et une carte blanche le moyen d’habiter autrement, de séjourner ponctuellement ? Une sorte de résidence nomade susceptible de créer de la nouveauté en établissant de nouveaux liens ? Le pari est gagné. Les œuvres hiératiques de Hodler trouvent un rythme qui les fait chanter. La ronde est réussie !