Parler à table

Parler à table

1 août 2024 Non Par Paul Rassat

De quoi doit-on parler à table ? Voici ce qu’en écrit Charles Guebel, de l’Académie des Gastonomes dans la revue Bonne Table du printemps 1953. ( Dessin de Caran d’Ache à propos de l’Affaire Dreyfus :  » Ils en ont parlé ».)

Que dire à table ?

« …vos invités sont là pour faire un bon repas, goûter des plats fins préparés à leur intention et déguster les vins qui les accompagnent.

La conversation doit donc être constamment axée sur la cuisine et les vins. Après le café, en fumant et dégustant une bonne eau-de-vie, il pourra être parlé d’art, de voyages, de musique, mais jamais de politique, de religion ou d’affaires. Rien qui excite les passions…Vous comprendrez aisément que si au début on parlait déjà des derniers potins politiques votre potage serait passé inaperçu et aurait été avalé comme une nécessité avant le premier plat….Et les plats vont ainsi se succéder dans la joie. Alors vous comprenez maintenant pourquoi à aucun prix vous ne devez laisser  dévier la conversation : au besoin vous pouvez même ramener dans le droit chemin celui de vos convives qui se laisserait entraîner dans quelques digressions… »

Pourquoi ne pas inverser ?

Dans les familles contemporaines composées, décomposées, recomposées, segmentées, chacun mange à son heure, dans son coin, à son rythme, ce qui appauvrit considérablement les conversations. Alors pourquoi ne pas organiser des repas familiaux sur le modèle que propose Charles Guebel ? Ceci permettrait de réunir agréablement les membres de la famille. Et pourquoi ne pas organiser des repas d’amis en abordant tous les sujets qui pourraient fâcher ? Ceci permettrait  de voir jusqu’où va l’amitié. «  Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es » écrivait Brillat-Savarin. Allons plus loin : «  Dis-moi ce que tu dis en mangeant, je te dirai ce que tu es. » Pensons aussi aux régions du monde où l’on crève de faim et dont on ne parle pas assez.

Pour celles et ceux qui n’ont rien à dire

Pour celles et ceux qui n’ont rien à dire, rien à se dire, souvenir de ce film des Monty Python, Le sens de la vie. Un couple respirant l’ennui s’installe à une table de restaurant. Le serveur leur propose les sujets de discussion du jour. À savourer.