Ce faisan

Ce faisan

26 août 2024 0 Par Paul Rassat

Le port altier, un faisan visite un jour sur deux le parc de cette propriété sise dans les environs de Cluny. Comme chez lui, il traverse lentement de l’entrée aux fourrés où il disparaît. Ce faisant, l’animal honore régulièrement de sa présence un parc qui accueille ponctuellement chevreuils et sangliers. Lorsque le règne animal rend visite au parc humain, la nature entière s’en trouve honorée.

Le tour du faisan

 Début juillet, le Tour de France faisait une boucle de ce côté. On l’attendit, le fêta, le devina à la caravane, puis aux voitures et motos annonciatrices. Enfin, d’hélicoptères le ciel fut sillonné. Et le Tour passa. Sans retour ni regard. Alors que, fidèle, le faisan rend visite sans hâte. Courtois, il apprivoise le parc humain, sans doute inspiré par le renard du Petit Prince. « S’il te plaît, apprivoise-moi ! » Amadouant le chasseur préhistorique qui survit en chacun de nous, le gallinacé qui a du pot échappe à une fin Henri quatresque.

Mémoire ?

Fournaise caniculaire. À l’ombre de cette bâtisse qui m’accueille pour l’été,  à propos de laquelle Franck Ferrand a claqué un commentaire : « Une de ces maisons où il fait bon vivre. », j’attends la visite du faisan. L’élégance et la noblesse de son pas s’accordent à l’histoire de la demeure. Ignorant  la structure géométrique du tennis grillagé, il se fond du côté du tinailler dont, paraît-il, certaines caches ont accueilli les armes de la Résistance. L’animal serait-il la mémoire du lieu ?

Tact

On consommait autrefois la viande de gibier très faisandée, presque décomposée. Il semblerait que le Tour soit, à l’occasion, plus faisandé que le gibier lui-même. Et pendant que de son pas altier le faisan traverse le parc, les poissons rouges du bassin, qui en sont dépourvus, s’en remettent à la mémoire du noble animal à plumes.

— Un jour sur deux ?

— Oui, pour ne pas imposer sa présence le faisan fait preuve de tact et de légèreté. Il passe.