Bénévole

Bénévole

30 octobre 2024 0 Par Paul Rassat

Le bénévole est celui « qui manifeste de bonnes intentions, d’une bienveillance aimable envers quelqu’un, parce qu’il le veut bien…une personne « que l’on emploie ou qui apporte spontanément son concours sans qu’elle bénéficie d’une rémunération. » Littéralement la personne bénévole veut le bien, veut du bien. Elle agit de son plein gré, sans rémunération.

Comment nos sociétés capitalistes pourraient-elles fonctionner plus ou moins harmonieusement sans bénévolat ? Initié par le taylorisme, le mouvement s’est largement amplifié depuis : tout est analysé, disséqué, organisé dans le but d’un profit maximum. Le temps est ramassé, les taches séquencées. Ce qui ne rapporte pas est éliminé, qu’il s’agisse de métiers, d’opérations à l’intérieur d’un processus, des gens. Tout ce qui est un poids, une charge jugée inutile par rapport au profit, est éliminé.

Charge

Revenons à la charge. On utilise ce mot pour dénoncer, à juste titre, la charge mentale des femmes. Expression intéressante car elle rejoint la préoccupation de notre monde qui consiste à découper la vie, à la mettre en chiffres, en statistiques, à l’évaluer, la peser, l’estimer, la sasser afin de découvrir les trous dans la raquette. Le travail, l’engagement des femmes est indéniable, ainsi que leurs responsabilités mal reconnues. C’est la façon de les qualifier qui attire l’attention : «  la charge mentale ». Le poids trop important et mal pondéré. À mettre en relation avec le fait que notre société ne voit et ne prend en considération que ce qu’elle pèse, estime, met en chiffres, en graphiques. Le reste lui échappe. Le poids pèse, faut être léger, fluide, agile.

Charge psychologique

Talpa l’a déjà signalé, les « fortunés » auraient tendance à se décharger psychologiquement sur les moins chanceux. Le pouvoir exonère de certaines charges, l’argent aussi. La tendance des plus riches à « défiscaliser » ou bien à partir pour des cieux moins imposés en est la manifestation évidente.

Bénévolat

Le bénévolat ne serait-il pas , lui aussi, la traduction concrète de ce processus qui renvoie sur les autres certaines charges que le fonctionnement de nos sociétés ne veut pas prendre sur lui ? Alors qu’on soupèse, estime, rétribue tout en fonction de certaines grilles de lecture, le bénévolat repose sur le dévouement et la gratuité ! L’emballage repose sur des « valeurs » comme la bienveillance, la générosité, l’abnégation qui sont, à l’évidence, les caractéristiques du capitalisme. Emballage et manipulation qui pourraient évoquer  Le Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie (1574). Carriéristes accrochés au pouvoir d’un côté, bénévoles de l’autre ; les seconds assistant les premiers. Nos responsables et élus, sont, eux, en charge de dossiers.

Remarque

On notera que les bénévoles des derniers Jeux Olympiques en France étaient devenus des « volontaires ». Toujours une question de volonté, mais quelle est la différence ? On a même parlé de « volontaires bénévoles ».

Le dessin montre un vol de bénévoles pris dans le filet-raquette du système. Ce jeu s’appelle  » le bénvole vole » ( inspiré, bien sûr de « pigeon vole »).