Passation de pouvoir
2 janvier 2025 0 Par Paul RassatQui dit nouveau gouvernement dit passation de pouvoir. Ce qui n’est pas sans rappeler, comme dirait l’autre, une formule entendue dans certains hôtels de la planète : « C’est l’amour qui passe ». Formule utilisée par les prostituées proposant leurs services en parcourant les couloirs des hôtels. « C’est le pouvoir qui passe ! »
Schizophrénie
Qu’en est-il de la passation de pouvoir entre Rachida Dati et Rachida Dati ? Entre Jean-Noël Barrot et Jean-Noël Barrot qui occupent le même ministère dans le gouvernement Bayrou que dans le gouvernement Barnier. La culture pour la première, les affaires étrangères pour le second. Ces ministres redeviennent-ils pendant un laps de temps très court de simples citoyens qui se transmettent à eux-mêmes le pouvoir ? La question pourrait sembler sans intérêt, que nenni ! Elle aborde la question fondamentale du pouvoir , du plaisir et du sacrifice de soi. Pour d’autres, c’est : « Passe-moi l’Intérieur, je te passerai la Justice. »
Différer et passer
Talpa a déjà traité de ce thème : simuler vient du simul latin qui signifie « en même temps ». Ceci pourrait nous laisser croire qu’Emmanuel Macron est un simulateur ! Des études sérieuses le montrent : les enfants qui résistent au cadeau immédiat d’un premier bonbon et peuvent en recevoir deux s’ils attendent un moment, ces enfants devenus adultes réussissent mieux dans la vie. Conclusion : simuler ou différer le plaisir permet de mieux réussir. Il faut garder le sourire en quittant un maroquin et faire croire que la situation convient. Rachida Dati a donc eu le sourire de celle qui donne et de celle qui reçoit.
Qu’en est-il de Jean-Noël Barrot ?
Invité de France Inter, Jean-Noël Barrot déclarait le dimanche 15 décembre 2024 : « Le bilan va s’affiner. » Il parlait de Mayotte après le passage du cyclone Chido. Les dégâts sont incroyablement lourds mais le bilan va « s’affiner ». Il y a parfois des maladresses, même chez les ministres ayant fait de solides études. Le ministre des affaires étrangère est parfois étranger à la réalité.
Jean-Noël Barrot est proche de François Bayrou. Alors, lorsqu’on l’interrogeait sur les relations entre Macron et Bayrou, Jean-Noël répond : « Je ne veux pas commenter ce type de propos. Ça n’intéresse pas les Français et ça les exaspère. » Comment Jean-Noël Barrot sait-il ce qui exaspère les Français ? Je constate une fois de plus que l’on donne mon avis à ma place sans me l’avoir demandé et que cet avis ne correspond pas au mien.
Passation inter-générationnelle
Arrivé à ce point, Jean-Noël, je me pose la question de savoir si les élus et responsables politiques qui sont en capacité de faire en sorte de pouvoir nous représenter parce qu’on les a choisis avant qu’ils ne se choisissent ensuite entre eux, je me demande s’ils nous représentent ou bien s’ils nous dirigent. Jean-Noël est fils et petit fils d’hommes politiques. Il a la politique dans les gènes où il y a aussi du plaisir à diriger, à gouverner. Peut-être est-ce de cette suffisance dont il faudrait décaper la République afin d’affiner notre politique et la relation entre élus et citoyens. Il serait souhaitable d’affiner aussi le discours afin de le rendre plus naturel. Nos zélus nous parlent un peu comme on s’adresse à un enfant. L’accent d’insistance est de mise. Jean Noël parle de « Texte MMMAjeur… » en insistant sur la première syllabe.
Mettre l’accent qui donne du pouvoir
Comment ? Oui ça se fait, c’est tendance. Ces accents d’insistance, d’intelligence donnent du relief au propos plat de la politique. Parfois ils se doublent d’expressions comme « poser un acte fort », des « paroles fortes ». Ces accents sont des codes de classe. Ceux de la noblesse, de l’aristocratie se sont retranchés dans certains quartiers, certaines îles. Alors, on a changé les codes afin de rester entre soi et de capter à l’occasion l’attention des manants.
— Si on allait bouger les lignes ?
— Tu crois que ça a mordu ?
Le pouvoir demeure, les hommes passent
En théorie le pouvoir demeure à Matignon, dans tel ou tel ministère. Ce sont les élus et ministres qui passent et se repassent le pouvoir. C’est pourquoi on ne parle pas de transmission. Celui ou celle qui reçoit le pouvoir ne peut pas, toujours en théorie, s’en aller avec lui. S’il n’y a pas transmission, il y a , en revanche, retransmission à la télévision. Le pouvoir demeure au même endroit mais il faut le faire savoir urbi et orbi. Des petits malins ont trouvé une astuce : ils s’accrochent au pouvoir, de mandat en mandat, de ministère en ministère. Initialement considérés comme d’immenses mammifères marins ou comme des requins que l’on admirerait et qui donneraient des repères, ils se transforment en rémoras qui s’accrochent par toutes leurs ventouses au pouvoir et se laissent transporter par lui. Tous frais payés.
Codicille
Michel Barnier s’en est allé. François Bayrou est arrivé. L’ex premier ministre avait déclaré qu’il se pencherait sur les cahiers de doléances. Il en aurait désormais largement le temps mais préfère slalomer, apparemment, sur la piste des jeux olympiques d’hiver. « Ça vous gratouille, ou ça vous chatouille ? »