Avoir raison

Avoir raison

31 décembre 2024 0 Par Paul Rassat

Dans  L’art d’avoir toujours raison Schopenhauer présente 37 stratagèmes qui permettent de garder l’avantage sur un interlocuteur. Nous n’en retiendrons que quelques-uns parce que vous les reconnaîtrez facilement. Ce sont les plus simples, les plus accessibles et nos élus ou débatteurs en abusent dans les médias.

Stratagème 8

Mettre l’adversaire en colère, car dans sa fureur il est hors d’état de porter un jugement correct et de percevoir son intérêt. On le met en colère en étant ouvertement injuste envers lui, en le provoquant et, d’une façon générale, en faisant preuve d’impudence. 

Stratagème 18

Si nous nous rendons compte que l’adversaire s’est emparé d’une argumentation qui va lui permettre de nous battre, nous devons l’empêcher de parvenir au bout de sa démonstration en interrompant à temps le cours de la discussion, en nous esquivant ou en détournant le débat vers d’autres propositions…

Stratagème 24

L’art de tirer des conséquences. On force la thèse de l’adversaire en en tirant de fausses conclusions et en déformant les concepts, pour en faire sortir des propositions qui ne s’y trouvent pas et qui ne reflètent pas du tout l’opinion de l’adversaire car elles sont au contraire absurdes ou dangereuses… 

Ultime stratagème

Si l’on s’aperçoit que l’adversaire est supérieur et que l’on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers. 

La nécessaire confiance

Amusez-vous à relever ces stratagèmes dans les débats que vous suivez dans les médias et les réseaux sociaux. Exagérer, déformer, interrompre, tenter de mettre en colère, mentir avec aplomb sont des outils qui permettent à l’occasion de l’emporter sur un adversaire. Ce type de victoire sert-il la cause soutenue ? Celle ou celui qui la porte ? La vérité ? Le bien commun ? Schopenhauer conclut en conseillant de ne pas débattre avec le premier venu mais avec des personnes dignes de confiance. C’est à cette condition que la controverse permet aux deux débatteurs de progresser ensemble.

«  La conversation ne se contente pas de battre les cartes : elle en crée de nouvelles…de la rencontre entre deux esprits naît une étincelle… »  De la conversation  Théodore Zeldin

Travaux pratiques

Voici une capture d’écran. Il s’agit de l’intervention d’une élue sur un réseau « social » à propos de la bonne ville d’Annecy. En dehors de toute étiquette politique, appliquez-vous à décortiquer le message. Aller dans le sens de l’histoire vaut-il mieux que faire l’histoire? Peut-être celle-ci mériterait-elle un H majuscule. Aller dans le sens de l’Histoire, du progrès, de la mode, de la pensée unique ne représente pas une réelle avancée. Le matraquage linguistique n’apporte rien à la pertinence du propos. L’accusation ne convainc pas par elle-même. Le discrédit porté sur autrui n’est pas plus pertinent. C’est l’exemple type de stratagèmes qui n’offrent pas une réflexion véritable. La stichomythie qui sévit sur les réseaux sociaux n’est sans doute pas propice à un échange constructif. S’en dégage souvent une caricature de pensée. Le « Joyeux noël » qui termine le message ressemble davantage à une pointe de provocation qu’à de véritables vœux. C’est dommage, les enjeux de la ville d’Annecy méritent mieux que des échanges lapidaires venus de tous bords comme un défoulement.

Offrir L’art d’avoir toujours raison à tous nos élus et prétendants?