La politique

La politique

20 juin 2025 Non Par Paul Rassat

Selon Odon Vallet dans Petit lexique des mots essentiels, « la politique, c’est l’art de gouverner la cité, la Cité-État étant le prototype des collectivités publiques modernes. Mais cette cité était une citadelle…le grec polis désignant une ville grecque fortifiée et, notamment, le cœur de celle-ci, l’acropole, ville haute abritant les sanctuaires et leurs trésors…pour maintenir l’ordre intérieur, il fallait bien une réglementation, une police que l’on dota au Moyen Âge de sergents de ville. Aujourd’hui encore, en France, les policiers sont compétents dans les villes, et les gendarmes à la campagne. » Odon Vallet signale que les villes ont perdu leurs remparts mais que subsistent les murs de l’argent qui « découpent l’espace politique en fonction des revenus. »

Politique bourgeoise

Ce modèle de politique bourgeoise-qui privilégie les bourgs- continue de bégayer. Se fortifiant, la ville a hébergé les structures qu’il fallait mettre à l’abri d’un éventuel ennemi. Le commerce s’y est développé parce que plus rentable grâce à la densité de la population. Les activités de production ont suivi. Et la ville a continué de prospérer en exploitant les campagnes environnantes. D’aucuns diront que la ville donne du travail à la campagne. Et que les employés, même mal payés, devraient remercier parce qu’ils risqueraient, sans la ville, sans les patrons, sans le système économique, ils risqueraient de ne pas avoir de travail. La colonisation a imposé la culture intensive  en remplacement de l’agriculture vivrière. Les pays colonisés en ont crevé.

Dégueulis

Désormais la ville déborde largement sur son environnement. Et au lieu de régler ses propres problèmes de transport, d’habitat, de pollution, de nuisances, elle les exporte sur sa périphérie. Même si le sujet est complexe, on peut voir dans les ZFE l’extension du domaine de la pollution urbaine. Au lieu de réviser son propre fonctionnement, la ville crée de nouveaux remparts…alors que l’ennemi est elle-même.

Exemple

Prenons l’exemple d’Annecy. C’est certainement le centre historique de la ville qui bénéficie économiquement du boum touristique. Dans le même temps la cité réglemente l’accès à la ville, dissuade les automobilistes, supprime les places de parking, toutes devenues payantes au nom de l’écologie. Tout ceci se discute, mais la ville elle-même se remet-elle en question ? Si les premières villes s’étaient construites autour de jardins, les villes contemporaines ont grignoté leurs espaces verts. Annecy a transformé sa piste cyclable en voie verte pour que les citadins puissent s’aérer, courir, pédaler, profiter des environs. La ville déborde et se ferme comme une piscine qui continue de déborder de plus en plus.

Renouvellement ?

Le nouveau prétendant à la place de maire veut réunir pour conquérir. C’est de bonne guerre et de bonne politique si l’on assimile la politique à la guerre. Ce faisant, il retrouve dans son entourage, en bonnes places, celles et ceux qui ne cessent de critiquer ( et pourquoi pas ?) l’actuelle équipe municipale…qu’ils ont contribué à mettre en place à cause de leur propre inefficacité antérieure. C’est l’image parfaite de la politique bourgeoise. On prend le panier, on secoue le panier, et, miracle, les mêmes ingrédients donnent une recette totalement nouvelle. Incroyable !

Politique et politique

Certains font de la politique, d’autres, moins nombreux, font la politique. Les seconds façonnent, innovent, créent quand les premiers appliquent des recettes.

Le rat des villes et le rat des champs

Le rat des villes bénéficie de toutes les structures polluantes de la ville. Il s’achète une bonne conscience quand il pédale et laisse sa voiture au garage. Son environnement urbain coûte beaucoup plus cher au pays que les structures de la campagne.  La collecte de « déchets » professionnels dans le Grand Annecy s’effectue en moyenne deux fois par semaine. À Sevrier, les déchets des particuliers ne se ramassent pas à la pelle mais une fois tous les quinze jours. Résultat ? Photo de gauche, Sevrier le matin du 18 juin 2025. Dessin de droite : les contradictions de notre politique.

Conclusion

Une véritable politique prendrait en compte l’ensemble des données, dans une approche holistique. Elle innoverait. Nos élus n’ont eu de cesse d’annoncer un changement de paradigme, des codes cassés, des lignes bougées. Et à l’arrivée ? On recycle les mêmes qui pratiquent la politique comme une rente.