Honte
11 juillet 2025Définition du mot honte : Effet d’opprobre entraîné par un fait, une action transgressant une norme éthique ou une convenance (d’un groupe social, d’une société) ou par une action jugée avilissante par rapport à la norme (d’un groupe social, d’une société). Synonyme, déshonneur. Sentiment de pénible humiliation qu’on éprouve en prenant conscience de son infériorité, de son imperfection (vis-à-vis de quelqu’un ou de quelque chose). On notera que la honte s’exerce d’abord de la société vers l’individu. Puis, sans doute sous le poids de cette opprobre, l’individu en éprouve de la honte.
Honnir
« Honni soit qui mal y pense » est la devise de l’Ordre de la Jarretière. La création de celui-ci montre comment transformer un incident qui aurait pu provoquer de la honte en une source d’honneur ! Honte et honnir sont proches étymologiquement. La vergogne a disparu de la langue courante.
Frédéric Gros
Dans La honte est un sentiment révolutionnaire, Frédéric Gros écrit : « Le contraire de l’innocence, ce n’est pas la culpabilité, c’est la lucidité…Et celui qui a honte est lucide, il voit comment les injustices, les iniquités sont cautionnées par la loi, la justice et l’Église. » L’auteur fait alors la distinction entre les hommes d’action qui analysent tellement qu’ils finissent par s’empêtrer dans leurs analyses et les hommes d’action : « Ce sont les éhontés de l’existence. Ils mettent à tout ce qu’ils font une complétude sans inquiétude, une bonne conscience satisfaite….La bonne conscience n’est pas la conscience, c’est un enlisement satisfait. Toute conscience suinte cette négativité qui fissure le réel, cet acide qui décompose les beaux rôles. La honte y trouve une réserve de lucidité, immense et désespérée. »
Avoir ou faire honte
Dans La médiocratie Alain Deneault écrit : « Satisfaire un besoin, donner libre cours à une pulsion, soulager une tension…c’est réduire l’agitation qui démange, immobiliser ce qui court sur les nerfs. Du plaisir résulte le sentiment d’assouvissement qui accompagne ces actes de libération…. D’où le malaise, le désagrément, l’agitation, toutes les névroses qui troublent les pauvres gens, alors qu’ils ont devant eux une classe de dirigeants si maîtres d’eux-mêmes, des cohortes d’experts et de porte-bouche si sereins dans leur ordinaire… » L’exercice du pouvoir consiste trop souvent à faire ressentir aux autres la honte que l’on devrait ressentir soi-même. Aux « assistés », aux sans emploi, aux illettrés, à celles et ceux qui ne se lèvent pas assez tôt ou ne savent pas traverser la rue. Et si la honte doit changer de camp en matière de viol, elle le doit aussi dans bien des domaines.