All Inclusive

L’expression «  all inclusive » dit bien ce qu’elle veut dire. Elle est apparue dans le domaine des agences de voyages pour dire que tout est compris dans le prix : le voyage, le séjour…Tout est compris sauf ce qui n’est pas compris. C’est bien ce qu’il faut comprendre. C’est là que les organisateurs comptent leurs sous et sur l’expression : « L’appétit vient en mangeant. » Une fois sur place, comment résister à une excursion, à une activité sportive ou de détente non comprises dans le all inclusive ? D’autant plus qu’on voit les autres s’y inscrire.

Les maths et la société

En mathématiques, l’inclusion est « la  propriété que possède un ensemble d’avoir tous ses éléments contenus dans un autre ensemble. » Notre société se veut désormais inclusive. All inclusive. C’est-à-dire incluant tout le monde, à l’exception des autres qui en seraient exclus.

Fragmentation inclusive

Ce phénomène de société inclusive est d’autant plus passionnant que, dans le même temps, la société se fragmente à l’infini. On place les vieux dans des EHPAD. Les riches vivent dans les quartiers riches. Notons à ce propos que le mot riche viendrait par d’autres chemins du bas latin rikkus, « puissant ». La puissance se comptait à la quantité de biens possédés. Elle a aussi, un temps, signifié «  riche d’avoir et de  viandes ». Les viandes étant la nourriture. Mais revenons à nos gigots. Parquons les immigrés et les descendants d’immigrés dans les quartiers. Ceux-ci (les quartiers et leurs habitants) n’étant pas riches, pas besoin d’adjectif qualificatif pour désigner leurs lieux d’habitation. Dans toute la société, les jeunes devant leurs écrans. Les plus jeunes devant les leurs. Les femmes avec leurs créneaux à la piscine. Les parents éparpillés de nouveaux inclus dans des familles recomposées. Les hommes en circuits de déconstruction-reconstruction. Quand le bâtiment va, tout va. Les pauvres et les assistés ailleurs.

Marcher sur la tête ?

Et puis, et puis les élus et les dirigeants en haut du ruissellement. Les pauvres tout en bas sur le modèle de la pyramide Dieu / le roi / ensuite le clergé et la noblesse, et enfin, ruisselant des bienfaits des autres, le tiers-état. Le tout tenant, bien sûr, grâce aux cadres, car c’est le propre du cadre de tenir l’ensemble. La société médiévale était largement en avance sur son temps car all inclusive.

Si l’on s’amusait à placer la pyramide sommet en bas, ce serait marcher sur la tête. Et à marcher sur la tête, c’est bien connu, on la perd.