Le grand cirque
20 août 2025Nous nous sommes couchés le 18 août en nous demandant ce que le grand cirque de Trump nous réservait. Ce que nous allons découvrir le matin du 19.
Monsieur Loyal
Nous avons vu hier soir, en direct à la télé, un Trump dans le rôle de Monsieur Loyal. « C’est le rassemblement unique des plus beaux numéros de cirque ici, à la Blanche Maison, depuis plus d’un siècle et demi, mesdames et messieurs. Avec Volodymyr, de retour de vacance, bronzé et en pleine forme. Est avec nous aujourd’hui Ursula, avec laquelle nous avons déjà réalisé un excellent numéro. Vous avez la Meloni, extraordinaire dans sa partie. Mark Rutte, une sorte de fils pour moi. Je n’oublie pas Manu, avec lequel j’ai une relation très spéciale. Il y a tous les autres, aussi merveilleux les uns que les autres, n’est-ce pas. Et puis nous avons une pensée toute particulière pour Vladimir, qui n’a pas pu venir, mais sans lequel ce grand cirque ne se tiendrait pas.
Être ou enfoncer le clou
Je n’oublie pas votre serviteur. J’ai moi-même déjà contribué à l’instauration de la paix dans 5 conflits. Par modestie, je ne dirai pas lesquels. Voila, mesdames et messieurs, après ce galop d’échauffement, la représentation va commencer sous le grand chapiteau de la Blanche Maison. Elle se tiendra malheureusement à huis clos, pour des raisons de sécurité. Mais nous ne manquerons pas de prolonger le show en public. Il me semble essentiel pour la paix, pour l’humanité, pour le prix Nobel, de rendre compte de nos numéros respectifs qui, je l’espère, auront produit une représentation harmonieuse. Si nous sommes à la hauteur de mes espérances et des siennes, Vladimir sera le clou de la prochaine représentation. Mesdames et messieurs, vive le cirque ! »
Un peu d’Eco à tant d’écho
Dans La guerre du faux, Umberto Eco distingue le pouvoir et la cause. Les chaînes de causalité ne s’inversent pas : l’arbre ne brûle pas le feu. Le pouvoir, lui, se discute, se renverse. Son obsession est donc de se faire passer pour une chaîne de causalité irréversible et indiscutable. Le pouvoir inclut une multiplicité de composantes irrationnelles, plus ou moins conscientes ; d’où la manipulation constante de ceux qui le détiennent pour faire croire qu’il est mathématique.
D’un côté, il faut « regarder la réalité en face ». De l’autre, on brandit des tableaux avec des taxes douanières. Les mathématiques n’ont jamais autant servi l’ego des uns et des autres , transformant notre monde en un immense chapiteau. On s’y presse pour être au premier rang, pour bien voir le spectacle. L’écuyère Meloni, le clown Macron, la danseuse Ursula…et toujours Trump Monsieur Loyal. Et puis arrive le numéro de dressage. Les lions rugissent, les tigres bondissent. Zut, c’est du vrai sang ! Que le spectacle continue !
Donald porte à l’est
Ce matin on apprend que Donald pencherait-ô surprise-côté russe. Pourquoi l’Ukraine ne cèderait-elle pas le Donbass a son pote Vladimir ? « Passe-moi la casse, je te passerai le séné », les deux étant des laxatifs. Donald ne commencerait-il pas à sérieusement à délester nos intestins des résidus de la digestion ?
Le fantastique prestidigitâteur
Mesdames et messieurs, regardez bien ce que fait mon extraordinaire main droite. Suivez bien les gestes fantastiques que j’exécute. Je sais aussi faire la roue, mettre en érection ma crête orange. Fixez mon costume, ne me quittez pas des yeux. Voyez comme je suis beau, puissant, costaud. Américain, quoi ! Non, la carte poutinienne que va chercher ma main droite n’est pas trafiquée. Non, vous n’avez pas vu ce que vous avez vu.
Entre semi performatif et souhait d’auto prédiction, Trump-est de moins en moins Loyal.
— Dis, c’est quand, les clowns ?
— Ça a commencé. Il y a longtemps déjà, et chacun repaye sa place à chaque mauvaise réplique.
La carte n’est pas le territoire
Umberto Eco souligne que nous avons besoin de moments symboliques, d’événements qui ponctuent une Histoire bien complexe, compliquée et emberlificotée dont nous ne percevons pas toutes les composantes. Souvent, un système de délité par un bout et nous ne percevons que l’endroit et le moment où, ailleurs, il s’effondre, ou est couronné de succès. La prise de la Bastille pour la Révolution française, par exemple. Trump, lui veut nous faire croire à la magie de l’instant télévisé où il apparaît tel le juge de paix ou le sauveur. Mais, mon coco, la carte du Donbass n’est pas le territoire.
Une fixation ?
Pourquoi cette espèce de fixation sur Donald Trump ? Parce qu’il est la meilleure « image » de la confusion que relève Umberto Eco entre l’énoncé et l’énonciation. Ce n’est plus ce qui est dit qui compte, mais simplement que ça soit dit. La confusion avait déjà commencé avec la télé réalité. Et puis la réalité est devenue télé. Et enfin, la télé, étymologiquement la distance est devenue proximité, et enfin proximité envahissante. D’où le succès fascinant des émissions télévisées où l’on parle au kilomètre, comme avec Hanouna ou d’autres ailleurs, les Grandes Gueules… Donald est passé maître en la matière. Et Vladimir maître en bunraku.