Du vase au bouquet

Rencontre avec Alain Cervantes qui ouvre un regard sur sa collection au château de Menthon du 26 septembre au 5 octobre 2025. L’exposition se nomme Du vase au bouquet.

Peinture et céramique

La thématique de cette exposition ? Je suis parti de la peinture. Il y a toute une époque où les artistes ont peint des bouquets dans les vases. Les céramistes continuent à faire énormément de vases ; mais très peu ont fait des bouquets ! Le peintre utilise la même technique picturale pour réaliser l’un ou l’autre. Mais en ce qui concerne les céramistes il y a toujours une difficulté conceptuelle ou technique à passer du vase au bouquet.

Regard rétrospectif

La peinture qui montre un bouquet dans un vase date de la toute fin du XVIII° siècle. Auparavant, pour les fêtes on utilisait beaucoup de fleurs, mais on en jonchait le sol ; on les utilisait aussi en couronnes ou en guirlandes : on ne les conservait pas dans un vase. Jusqu’à ce qu’arrivent d’orient toutes ces fleurs très chères que l’on veut faire durer. Comme par hasard, c’est un Hollandais qui peint les premiers bouquets à peu près au moment où les tulipes arrivent et la spéculation sur les bulbes de tulipes.

Il y avait des bouquetières, des pièces assez sculpturales dans lesquelles on mettait les fleurs une par une. Certaines de ces très belles bouquetières étaient inspirées des pagodes orientales.

Des « légendes » bien vivantes

Ce thème m’intéresse, et il est totalement en phase avec la thématique «  Légendes botaniques ». Il va permettre de montrer l’évolution de la céramique contemporaine. À quelques exceptions près, les pièces exposées auront été fabriquées ces 5 dernières années et illustreront le passage du contenant à la sculpture.

De l’un à l’autre

Il y aura 4 plateaux. Le premier : des vases objets dans lesquels on pourrait placer des fleurs. Des objets avec une lecture post moderne : des vases percés pour accueillir uniquement des fleurs séchées, par exemple. Ensuite ? Tous les décors floraux sur le vase, qui constituent une évolution de celui-ci. On suggère le bouquet et on le pose sur le vase qui devient un support pour le céramiste. Et puis, grâce à des recherches innovantes, ces décors ont tendance à prendre du relief. J’en étais arrivé à appeler ceci le vase figure, avec tout ce travail sur la forme des vases. En particulier toutes ces formes qui suggèrent le végétal, des formes hybrides comme ces vases corolles. L’art nouveau, ce sont des vases corolles. Mais parfois les recherches vont plus loin, elles mêlent le design et des formes tridimentionnelles qui sont naturalistes ou bien montrent tout un univers, comme le fait Mireille Moser. On peut aller jusqu’à des sculptures qui suggèrent davantage le bouquet que le vase.

Et on termine avec quelques vases dans lesquels les céramistes ont mis des fleurs qui donnent un effet très bizarre parce que ce sont des fleurs pétrifiées.

Dans la conversation émerge le fait que le mot « vase » désigne initialement tout récipient avant de devenir le contenant d’un bouquet. Quant au mot « bouquet », il vient du « boscus » latin qui est un petit bois, un assemblage de branchages puis de fleurs ; un bosquet. De tout ceci Alain Cervantès fait une sorte de « bouquet final » qui coïncide avec la fin de « Légendes botaniques. » édition 2025.