L’Écomusée du lac d’Annecy à Sevrier. Visite avec Grégoire.
24 juillet 2021Visite au fil des salles. Grégoire présente le lieu avec passion. Cet article garde le ton de la conversation. L’Écomusée constitue un lien vivant entre le passé du 19°siècle et une réflexion sur l’époque actuelle. On y découvre les liens entre la nature, les matériaux qu’elle fournissait, les possibilités d’élevage, les activités humaines, le tout alimentant les identités de village à village. Un écosystème complet, circuits courts, économie circulaire inclus. À méditer.
Faire vivre le patrimoine
— La muséographie repose sur une scénographie active. Elle fait vivre des objets témoins du 19° siècle. L’Écomusée a été créé par l’association l’Écho de nos montagnes, groupe folklorique d’Annecydont la vocation est de faire vivre le patrimoine à travers les chants, la danse, la musique et à travers la transmission d’un savoir faire qui a été sauvé de l’oubli pendant de 20° siècle.
La richesse des axes proposés
L’Écomusée s’intéresse beaucoup aux costumes, l’un de premiers besoins de la vie quotidienne. Ce n’est pas simplement une vêture mais une marque d’appartenance à une communauté. Un vecteur d’identité autour d’un savoir faire transmis de génération en génération. Un costume est propre à un village, relié à l’emploi de tels ou tels matériaux, de techniques particulières.
La vie quotidienne est un axe tellement riche qu’il nous permet de nous adresser à différents publics. Nous accueillons volontiers enseignants et scolaires autour de thèmes comme l’eau, la lecture de paysages, le recyclage, les savoirs faire d’autrefois déclinés à plusieurs niveaux en fonction des publics.
L’habitat
Dans la première pièce, on s’intéresse à l’architecture en lien avec les activités humaines.
Cette maquette de ferme traditionnelle des Bauges permet de reconstituer l’organisation des activités. On peut remarquer les toilettes sèches. Il y a presque toujours, à travers les objets exposés, un lien avec les activités et les préoccupations actuelles. Qu’il s’agisse d’éco-construction, d’alimentation, de circuits courts. L’organisation de cette ferme des Bauges permet de s’interroger sur nos pratiques. Ici le coffre qui permet de garder les choses les plus précieuses, souvent les vêtements.
La matière et la manière
La salle suivante est celle de la matière et de la manière. On y retrouve tout le processus qui mène des fibres naturelles à l’étoffe, au patrimoine textile qui représente la famille. Les vêtements, contrairement à aujourd’hui, étaient conçus pour durer. Le notaire les comptabilisait dans l’héritage. C’était une tout autre vision de l’économie. La grande lessive, celle qui concernait tout le linge de maison, avait lieu deux fois l’an, au printemps et à l’automne. On la faisait avec de la cendre de bois.
Rien ne se perd
Bois qui est un autre axe de visite. Quand on le coupe, cela fait de la place pour l’alpage. On l’utilise dans la construction, pour fabriquer des objets indispensables à la vie quotidienne. Il entre dans le chauffage et la cendre intervient en fin de cycle. On peut concevoir une visite centrée sur un matériau, le bois, la laine…Les animaux eux aussi entraient dans l’économie. Ils participaient à l’entretien du paysage, à l’ambiance sonore, à l’alimentation, à la confection de vêtements, au chauffage de la ferme, ils amendaient la terre. Rien n’était perdu.
La salle d’activités
La salle d’activités accueille à l’occasion certains ateliers du groupe folklorique. Elle est l’un des points les plus vivants du musée car on y accueille les scolaires, les familles. Tout y est conçu à destination des plus petits jusqu’ aux adultes. Les familles peuvent y passer un moment. Écriture à la plume, atelier tissage, jeux, tout est proposé de façon à apprendre de manière ludique.
Nous voilà à l’étage.
Les activités d’hiver
Cette salle s’intéresse à l’hiver en Savoie au 19° siècle. On vit plutôt à l’intérieur à cause du froid, du manque de lumière. Malgré l’éclairage à la bougie, à la lampe à huile les broderies sont d’une précision étonnante.
Broderie, couture, vannerie sont les activités d’hiver.
À la veillée, on se rassemble dans le pêle, la pièce à vivre, avec les voisins. On confectionne tout ce dont on a besoin pour l’année, paniers, pièces de costume pour le dimanche et les jours de fête. On produit des objets qui vont être revendus par le colporteur. Son importance est vitale parce qu’il transmet aussi les informations (voir La trace de Bernard Favre). Toutes les techniques d’aiguille de l’époque sont ainsi connues dans les Alpes. Elles sont davantage un territoire de passage et d’échange qu’une une zone enfermée. L’Église est représentée parce qu’elle est liée aux fêtes, aux mariages, aux baptêmes, au spirituel via la foi catholique. Les galoches complètent le costume.
On peut même au passage tester les odeurs de veillée : tabac, noix, miel, verveine. Souvenir d’enfance, à « pingler » les feuilles de tabac séchées à la fin de l’été.
Costumes de fête et autres
La salle suivante expose des costumes de fête. On y remarque la diversité d’un lieu à l’autre : le Grand Bornand, La Roche –sur-Foron, Thônes, Annecy, Thorens…
Cette diversité nous renvoie aux communautés de communes actuelles. Elles sont nécessaires mais il y a parfois des réticences à travailler ensemble. C’est que pendant des siècles chaque communauté avait construit sa propre identité et avait essayé de tirer son épingle du jeu. C’était un équilibre permanent entre solidarité et identité d’un village à l’autre. Le costume traditionnel traduisait cette recherche. L’uniformisation du vêtement moderne reflète une autre démarche.
Identité, diversité
Les territoires de Savoie sont un véritable puzzle d’activités, d’identités, de conditions environnementales. On peut y voir un frein ou bien une richesse. Diversité que l’on retrouve dans les coiffes exposées. Elles traduisent l’origine géographique d’une personne, son statut de femme mariée ou de jeune femme. Avant 13 ans une jeune fille portait une sarrette. La croix complétait l’identité de la personne : en or, femme mariée, en argent, demoiselle. De Megève, d’ailleurs…La visite se poursuit. Un « blanchet, vêtement d’enfant, est composé de six pièces de tissu de récupération. Le chanvre était t très cultivé pour la qualité de ses fibres.
Les réactions de visiteurs d’autres régions sont remarquables. Alors que l’Écomusée montre les particularités de la vie locale en Savoie, tous y trouvent des échos à leur propre région.
Échos de nos montagnes et d’ailleurs
« L’Écho de nos montagnes » irrigue tout un réseau d’échos. On retrouve dans une vitrine un accordéon qui renvoie de nouveau au film de Bernard Favre. Une maquette du brick Espérance III nous rappelle que sa réplique, actuellement au port de Sevrier, attend son baptême officiel pour bientôt.