La culture populaire, inclusive et élitiste pour tous ?
26 août 2021Des élus de la ville d’Annecy des acteurs de la culture se retrouvaient à l’Hôtel de Ville de Seynod le 25 août pour évoquer la mémoire de Gabriel Monnet. Une sorte de prise de relais. L’exposition qui est consacrée à l’homme de théâtre et de culture quitte Seynod pour le Haras d’Annecy. Tour de chauffe avant les deux journées des 9 et 10 septembre organisée par l’association Yanileo avec la collaboration des Agitateurs de rêves et de leur Coup de Théâtre. Deux journées qui animeront le Château d’Annecy, en écho aux célèbres Nuits Théâtrales.
La culture véritablement populaire
Voici ce qu’écrivait Yves Florenne pour Le Monde à propos des Nuits Théâtrales du Château. On y donnait en août 1954 Dom Juan et Hamlet sous la direction de Gabriel Monnet
« Et maintenant ? Ce premier festival à Annecy doit inaugurer le festival d’Annecy. La réussite engage. Pourvu qu’on ne cède pas aux ambitions paresseuses ! Ce qui est né ici a trop de prix pour qu’on le néglige. Il faut enraciner ce festival de la jeunesse…ces comédiens qui taisent leur nom…D’où ils viennent ? Ils viennent de partout, c’est-à-dire des provinces et de Paris, de l’école, de l’atelier, du bureau, de l’usine. Avec une forte proportion d’étudiants (de toutes les disciplines) et d’enseignants (plus d’instituteurs que de professeurs), on trouve rassemblés ici des employés, des ouvriers et jusqu’à des gens de robe ! »
La culture « inclusive », dirait-on aujourd’hui
« Autre chose encore. Ce serait trop peu dire que les stagiaires et leurs instructeurs ne sont pas isolés : toute la ville, dans ce qu’elle a de meilleur, est avec eux ; elle a fait de ce festival sa » chose « . Les concours, sous toutes les formes, sont venus de la municipalité, des particuliers, des groupements culturels ; mais le plus significatif me paraît être le plus humble : celui des jeunes ouvrières qui, leur journée faite, viennent ajouter leur travail à celui de ces hommes, de ces femmes, qui consacrent leurs vacances à participer – non seulement sans salaire mais à leurs frais – à la création de cette, œuvre commune. »
Participer, être relié
Apprendre à jouer pour être davantage soi-même. C’est paradoxal, non ? Non, parce que l’on est pleinement soi que relié aux autres. Aux autres acteurs, au texte, au public, à l’auteur, au metteur en scène. Voici le principe fondamental de la culture vraiment populaire. Elle ne s’abaisse pas au niveau commercial qui fait de l’ensemble de la société un spectateur-consommateur. Elle relie et fait sens pour chacun. Elle invite à participer.
L’homme fraternel
« Nous nous reconnaissons partout où les hommes résistent à ce qui les limite, ou les sépare. Ici même, nous refusons avec eux d’être des esclaves de cette société industrielle dont le type achevé n’est jamais qu’un goinfre : celui qui gagne et consomme le plus-y compris les bons moments et les bonnes manières. Au centre de la vie, nous plaçons l’homme fraternel… »
Gabriel Monnet