Molière
21 janvier 2022On célèbre Molière qui dénonçait les vices que nous continuons de pratiquer consciencieusement mais à la manière de notre temps. La cuisine de Top Chef revisite les recettes. Morale, politique, économie, pratiques sociales ne cessent de remettre au goût du jour nos comportements qui, fondamentalement, ne changent pas.
De la sincérité et de quelques citations
« J’aime mieux un vice commode qu’une fatigante vertu. Votre sexe est là pour la dépendance. Du côté de la barbe est la toute puissance. Couvrez ce sein que je ne saurais voir : Par de pareils objets les âmes sont blessées. Et cela fait venir de coupables pensées. — Vous êtes bien tendre à la tentation ; Et la chair sur vos sens fait grande impression ! Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. Les choses n’ont que la valeur que nous leur attribuons. Il ne faut pas toujours juger sur ce qu’on voit. Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur on ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.
Quelle galère !
Et c’est une folie à nulle autre seconde que de vouloir se mêler de corriger le monde. Ils commencent ici par faire pendre un homme, et puis ils lui font son procès. Il nous faut en riant instruire la jeunesse. Les anciens, monsieur, sont les anciens ; et nous sommes les gens de maintenant. Là où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute. On ne meurt qu’une fois, et c’est pour longtemps ! Vite, voiturez-nous ici les commodités de la conversation. Un sot qui ne dit mot ne se distingue pas d’un savant qui se tait. Le petit chat est mort. Que diable allait-il faire dans cette galère ? »
De quelques titres.
Le Misanthrope et les réseaux sociaux
Le Bourgeois gentilhomme, Les Précieuses ridicules et les éléments de langage
L’avare et la dette
Le Médecin sur les plateaux de télévision et dans les médias
Le Tartuffe « Portez ce voile… »
Les Femmes savantes et Monsieur de Pourceau-gnac
De la puce au chat et à la chatte : une langue imagée
Avoir la puce à l’oreille ! Agnès Pierron, dans Souris qui n’a qu’un trou explique que l’oreille présente de nombreuses circonvolutions, comme certains coquillages qui, eux-mêmes, ne seraient pas sans évoquer un sexe féminin. Or donc, avoir la puce à l’oreille, ce serait avoir des démangeaisons à un certain endroit. Rappelons Agnès (une autre) qui, dans L’école des femmes, pense que les enfants naissent par l’oreille :
« Elle était fort en peine, et me vint demander
Avec une innocence à nulle autre pareille,
Si les enfants qu’on fait se faisaient par l’oreille. »
L’Ecole des Femmes I,1
Pour revenir à la douce Agnès, signalons que son prénom signifie « pure, chaste », que la chatte désigne le sexe féminin, par dérivation probable du mot « chas ». On trouve dès le 13°siècle l’expression « par le chäas d’une aiguillette ». Ce qui nous renvoie à Agnès et à l’Ecole des Femmes :
_ Quelle nouvelle ? lui demande ce vieux grigou d’Arnolphe qui convoite la jeunette.
_ Le petit chat est mort , lui répond Agnès qui découvre la vie et que parcourent vraisemblablement certaines démangeaisons, de la puce connue pour sauter à l’oreille et ailleurs au chas par lequel passe l’aiguille.
Molière aujourd’hui
Imaginez les sujets moliéresques d’aujourd’hui ! La langue et ses « du coup », « on se pose la question de savoir si on est en capacité de pouvoir faire le care nécessaire… » La pédophilie religieuse et l’amour de Dieu. Le musulmisme. La médecine, les experts et les médias. Les manitous a posteriori en matière d’économie. Les excès en tous genres du machisme, du féminisme. Le scrutin et le scrotum, Les monologues du vagin (cf Les bijoux indiscrets, Diderot 1748). Le métaverse. Le zoom sur Zemmour et le bal des focus. On rêve d’un trio Molière, Coluche, Desproges.