Spirituel, religieux, virtuel, divertissement

Spirituel, religieux, virtuel, divertissement

20 janvier 2022 Non Par Paul Rassat

Avatar

« Du sanscrit avatara : descente du ciel sur la terre, incarnation. C’est évidemment une bévue d’employer avatar comme synonyme d’aventure. Et pourtant ! On imagine la Sainte-Trinité trônant au sommet du ciel depuis des myriades de siècles, infiniment sereine et immobile. Et tout soudain, sur le coup des années soixante-dix du règne de Tibère, l’un de ses trois termes, le Fils, décide de s’incarner. Il faut bien que les deux autres s’en mêlent peu ou prou. Le Saint –Esprit prend l’apparence (l’avatar ?) d’une colombe, et s’en va féconder une jeune fille de Nazareth. Le Père fait mine de présider et de bénir les opérations. Quant au Fils, il a mis le doigt dans un engrenage cahoteux et catastrophique : fuite en Égypte, massacre des Innocents, noces de Cana, flagellation, crucifixion, etc. Que d’aventures pour un avatar ! » Michel Tournier Le pied de la lettre. Texte spirituel, non?

Esprit de famille

Un

Moïse, Jésus et un vieil homme barbu jouent au golf. Moïse drive le premier. La balle atterrit sur le fairway, mais s’en va rouler près de l’étang. Moïse lève son club, écarte les eaux, et la balle atteint l’autre côté sans être mouillée.

Deux

Jésus drive à son tour, mais au moment où la balle va tomber au centre de l’étang, elle reste suspendue au-dessus de la surface. Jésus marche nonchalamment sur les eaux et l’envoie sur le green.

Trois

Le drive de l’homme barbu frappe une clôture et rebondit dans la rue. La balle ricoche sur un camion en mouvement et revient sur le fairway. La balle se dirige droit vers l’étang, mais elle aboutit sur une feuille de nénuphar où une grenouille la prend dans sa gueule. Un aigle pique, attrape la grenouille et s’envole. Quand il passe au-dessus du green,  la grenouille lâche la balle qui tombe juste dans le trou. Trou en un coup !

Moïse se tourne alors vers Jésus pour lui dire «  Je déteste jouer avec ton père ! ».

Golf

Sport d’origine écossaise. Le vainqueur est celui qui fait preuve de la plus grande économie de coups. Les forces du maintien de l’ordre qui étaient naguère les gardiens de la paix devraient pratiquer le golf.

Parcours divin

J’ai rencontré Dieu, ou plutôt l’un de ses avatars, Jésus. Il bosse à la télé comme assistant mais il n’arrive pas à percer, on lui pique toutes ses idées parce qu’il ne pense pas à les protéger.

Les séries, par exemple, c’est lui, avec le chemin de croix en quatorze saisons. Le plus grand cabaret du monde ? C’est lui ! Avec des tours qui n’ont jamais pu être reproduits : la marche sur l’eau, la résurrection de Lazare (non, pas la banque, Lazare avec un e à la fin).

Divertissement

Avec quelques morceaux de bois, quelques clous, deux larrons et quelques figurants, il est capable de t’improviser un spectacle en mondiovision. Il déborde d’idées, mais parfois on le comprend mal. Quand il a voulu lancer « Survivor », avec les conditions de survie les plus extrêmes pour les candidats, comme un déluge, un tremblement de terre, son idée a séduit. Mais la survie dans le ventre d’une baleine a coulé son idée. Il n’avait  pas pensé que les baleines sont une espèce protégée.

Le 7° jour

 Ce Dieu, t’as l’impression qu’il sait tout faire. Il a travaillé un temps dans la couture, chez Christian Lacroix, parce qu’il avait déjà travaillé, à ce qu’il dit, dans la création. Chez Lacroix, il était petite main, il faisait les dernières retouches ; mais il n’a pas voulu y rester quand Lacroix a changé de mains. Il a travaillé aussi dans la restauration. À ce qu’il dit, il aurait inventé une sorte de chaîne de fabrication et de distribution de fish and bread. Gros succès, mais qui n’a pas duré. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du bonhomme. Il met le paquet pendant quelques jours, abat un boulot de conception et de création énorme, et puis il se met à glander. Sans ajustements permanents, sans maintenance, sans service après- vente, rien ne peut tenir ; même pas le projet le plus grandiose.

À l’origine de toutes les inventions qui comptent

Il y a vraiment très très longtemps, il a créé de toutes pièces (en fait, les pièces, c’était simplement les quelques clous et les morceaux de bois) une énorme multinationale qui continue à prospérer et rapporte, paraît-il, un pognon de dingue. Eh ben, il a pas pensé à déposer de brevet. Les actionnaires de sa société et ceux de deux sociétés concurrentes passent leur temps à se bouffer le nez pour les droits d’antériorité, la pub, les royalties… Il aurait même inventé la communication sans fil. Tu parles à un mec, et c’est un autre qui t’entend, à l’autre bout de l’univers. La délocalisation, c’est lui. Le virtuel aussi. Et puis les réseaux sociaux.

Difficile reconnaissance

 À se demander pourquoi il perce pas vraiment à la télé. Une impression indéfinissable de déjà vu qui rassure et qui lasse en même temps. Un look de soixante-huitard trop clean. T’arrives pas à le classer. Un côté simple, peuple, mais en même temps pas une faute de prononciation, pas une faute de français. Quand t’es à la télé, ça choque. Ouais, au fond, assistant, c’est vraiment sa place, à Dieu, ou à Jésus, on ne sait pas bien.

Un parcours à l’économie

C’est pourtant lui qui a lancé le principe de l’économie d’énergie.  Là où certains se mettent en quatre pour un résultat approximatif, il excelle en se mettant seulement en trois et fait croire qu’il est UN.