« Nettoyage à sec » de Joris Mertens

« Nettoyage à sec » de Joris Mertens

6 juillet 2022 Non Par Paul Rassat

Le dessin, superbe, montre la ville façon Broadway. Les lignes saturent l’espace ainsi que le mouvement. Ceux-ci écrasent les personnages sous la surcharge des signaux, de la pub. Que reste-t-il d’humanité sous les enseignes pour la télévision XENIX, les assurances BROLEX, les bas SCANDALE, l’apéritif LE CHAT et GLOU-GLOU ? Que reste-t-il sous ce vernis en majuscules sinon une société minuscule ? Juste ce qu’il faut pour que l’extrême connerie d’un personnage parmi les autres sauve, par contraste, ce fond social tissé d’habitudes et de conventions. Nettoyage à sec plonge dans le vide de l’âme humaine.

Solitude

On se croise. La mise en page souligne la solitude dans la foule, prise entre plongée et contre plongée. Superbes, les couleurs font vitrine. Elles jouent avec le gris, le sombre, l’argenté. Le monde devient reflet d’autre chose. Mais de quoi ?

Fatalité du nettoyage à sec!

Les gros plans déforment les visages. Entre tendresse et caricature. Destin à tous les étages, du sordide à l’espoir, avec un brin de poésie et une chute incertaine. Pris dans le mouvement qui conduit à l’absurde, on tourne les pages comme si elles formaient un seul dessin. Une fresque qui nous emporte.