Bernard Noël, exposition «  Un nous de lumière »

L’Archipel Butor accueille à Lucinges l’exposition consacrée à Bernard Noël «  Un nous de lumière » du 8 octobre 2022 au 11 mars 2023. Propos recueillis à la volée par Talpa lors du vernissage et impressions de poésie.

Bribes

Mme Éliane Kirscher-Noël jette un dernier coup d’œil à l’exposition avant le vernissage et découvre quelques ajustements opérés la veille.

« Ici Un jardin d’encre, poème tout à fait fondamental de Bernard. C’est l’aspect terminal avec François Rouan. Le Chemin d’encre était parti du jardin réalisé avec Zao Wou-Ki . Bernard a repris le rythme, des vers de 17 pieds. Une séquence comporte 7 pages et commence toujours par « Et maintenant… ». Ceci donne quelque chose de lancinant.

C’est le rythme qui assure la cohérence entre les mots et l’art graphique.

Tout à fait. C’est ce que les peintres s’attachent à trouver quand ils ont à faire avec les mots de la poésie…    

Talpa apprècie tout particulièrement le « Faire Faces » à l’heure où l’on nous contraint à voir la réalité en face et le  » Rester vertical » qui rejoint la physique quantique.

Bribes d’allocution pour lancer le vernissage

…À côté des « grands beaux », les livres de luxe, nous avons un peu plus loin les «  livres joyeux », plus festifs. Une salle a été consacrée aux compagnons éditeurs de Bernard Noël. Avec au premier rang Fata Morgana. Unes/Remarques, Manière Noire et bien d’autres y figurent… Tous les titres choisis par Bernard Noël comportent quinze lettres. Chacun est ainsi un cadre fermé qui annonce un développement imprévisible. »

 La poésie, un art éminemment inutile            

Premier contact de Talpa avec l’exposition. Il est impossible de lire tous les textes affichés, mais ils frappent par leur densité. Rien ne laisse indifférent. La poésie apparaît comme cet art éminemment inutile qui va au fond des choses. Au fond des mots et du sens pour les fracturer et les recréer. Au fond, la poésie ne serait-elle pas cette fameuse reconstruction qui fait tellement débat aujourd’hui ? Alors que reviennent les éternelles expressions vides comme « Bouger les lignes, casser les codes, changer de paradigme », c’est ce que fait la poésie et tout particulièrement à l’Archipel Butor en ce moment. Encore davantage quand elle anime en harmonie les mots et les images.

Tresser les approches

Il est intéressant de noter que la poésie est une façon d’être, de vivre le monde et soi-même. Elle s’exprime par des images qui peuvent prendre la forme de mots, de dessins, de peintures. Tout se rejoint. Bernard Noël distingue les livres qui comportent quelques dessins et «  les livres de dialogue ». Des deux premiers, réalisés avec Patrice Vermeille et Olivier Debré, il écrit : « Ces deux livres m’ont fait entrer dans une dimension que je ne connaissais pas encore, faite d’écriture et de regard intimement tressés dans un échange, un mutuel épanchement de l’un dans l’autre dont je n’ai plus cessé de désirer l’expérience. »

Le mandat du poète    

Court échange avec Jean-Luc Soulat, maire de Lucinges, qui aime croire et rappeler que l’étymologie de Lucinges renvoie à la lumière. Le titre de l’exposition « Un nous de lumière » s’en trouve encore plus pertinent !

Est-ce que vous verriez une épreuve de poésie pour être élu maire ? (rires).

Pourquoi pas ? Ça ajouterait un peu d’humanité ! Nous avons porté ce lieu pendant de nombreuses années pour qu’il accueille des événements comme celui-ci. Je suis très heureux de partager ce plaisir. Nous sommes dans l’immédiateté, l’instantané permanent. C’est ici l’occasion de prendre du recul une forme de lenteur et de hauteur. Ça fait du bien.

Votre mandat de maire y gagne en efficacité ?

C’est mon deuxième mandat. Nous avons beaucoup travaillé au premier ? nous continuons notre action.

Un troisième mandat entièrement axé sur la poésie ?

Jocker !