Livre d’artiste
19 octobre 2022Se tenait à Lucinges, les 8 et 9 octobre, la Fête du livre d’artiste. Elle accompagnait le vernissage de l’exposition consacrée à Bernard Noël par l’Archipel Butor. Talpa vous propose un petit tour à la recherche des livres atypiques qui nous proposent de nous découvrir et de tourner autrement les pages qui nous composent. Les supports, les formes, les techniques sont infinis. Humour, poésie sont de la partie. On passe des livres cylindres réalisés par Michel Butor et Mylène Besson à quelques tentatives particulièrement originales et aux Bibliocuts d’Alix Martin. Avec un arrêt chez Élisabeth Bard et son travail très personnel du papier.
Froisser on non le papier, permettre à l’encre d’y diffuser ou non…toutes ces tentatives donnent des résultats différents, surprenants. Au toucher affleure un côté minéral. On se croirait en dégustation de vins !
Rencontre avec Élisabeth Bard
C’est de l’awagami ? Pourquoi ajouter des textes, avoir recours aux mots alors que le travail du papier est déjà si riche ?
Quand je travaille l’écriture me vient. J’écris en même temps. Ces activités sont en correspondance. Mais c’est la première fois que j’associe le papier et mon écriture. D’habitude je travaille avec des auteurs.
Il est alors question du déclic que constitue la psychanalyse et de la similitude entre celle-ci et le travail artistique.
Certaines de vos œuvres montrent et cachent. Elles jouent de la frontière, d’une sorte d’entre-deux.
Un entre-deux ?…Pas vraiment. Je parlerais plutôt d’espace troisième. De la relation naît cet espace qui est le plus fécond.
De la conversation
Correspondance, relation…Impossible de ne pas évoquer alors Théodore Zeldin. Dans son livre De la conversation, il écrit « La conversation ne se réduit pas à transmettre des informations ou à partager des émotions, ni à mettre des idées dans la tête des gens…Lorsque des esprits se rencontrent, ils ne se limitent pas à échanger des faits : ils les transforment, les remodèlent et en tirent d’autres implications, se lancent dans de nouvelles directions. La conversation ne se contente pas de battre les cartes : elle en crée de nouvelles…de la rencontre entre deux esprits naît une étincelle…. »
L’art comme conversation
L’art crée des étincelles. Des particules de lumière. Le livre d’art tout particulièrement puisqu’il associe deux domaines en conversation. Le mot livre est issu du latin liber, la partie vivante de l’écorce d’un arbre. Le livre d’artiste vise à le rendre encore plus vivant, à en conserver l’étymologie et à l’enrichir concrètement.