À quoi sert la culture, Gabriel Monnet ?

À quoi sert la culture, Gabriel Monnet ?

26 juin 2021 Non Par Paul Rassat

Gabriel Monnet fut un très grand nom du théâtre français. Il participa à l’élan culturel que porta l’esprit de la Résistance à Annecy au lendemain de la Libération. Élan culturel et humaniste. Un hommage sera rendu à Gabriel Monnet, citoyen d’honneur de la ville d’Annecy, au Musée Château les 9 et 10 septembre 2021. Rappelons qu’une salle de Bonlieu porte son nom. Très intéressée, La Scène Nationale n’a malheureusement pas trouvé les moyens humains et financiers pour s’associer à l’hommage de septembre. Voici un court texte de la main de Gabriel Monnet qui répond à toutes les interrogations, critiques quant à la nécessité de la culture et de l’art.

À quoi ça sert Mozart ?

C’est vrai, à quoi ça sert un écrivain ?

À quoi ça sert Mozart ? Ou Duke Ellington ?

Ça va loin cette question-là… Moi je crois

Que ça sert à faire des villes. Ça sert à faire

Un type de relations, un type de maison,

Un type de rue, un type de parlottes dans les

Rues, un type de rassemblements.

Ça sert à faire des calendriers, des fêtes, des samedis et

des dimanches. Ça sert à faire des questions

sur la vie et sur la mort… C’est interminable

parce qu’il faut continuer. Parce qu’il ne faut

pas s’asseoir. Mozart n’est pas un luxe. C’est

un fantastique chant de l’homme entre son

énigme et les énigmes du monde. C’est une      

    fantastique tendresse, un remuement de toutes

les forces de l’enfer et du ciel. Une bataille

qui n’est jamais finie. Un risque perpétuel.

                                                                                                                      Gabriel Monnet


Nuits Théatrales

La culture éminemment populaire

Lors des Nuits théâtrales du Château d’Annecy, à l’été 1955, on donna Ubu-Roi. Avec la participation de 68 amateurs, dont 32 femmes. Des gens de tous âges. Venant de Paris, Genève, Alès, Lyon, Alger, Bône, Strasbourg, Marseille, Bougie…couturière, costumière, instituteurs, électricien, greffier, agent commercial, étudiants, assistante sociale, écoliers, laborantine, allumettier…Les stages de théâtre étaient ouverts à toutes et à tous. On y faisait cependant preuve de cette exigence qui respecte «  le peuple » en lui permettant d’accéder à de grands textes.

« L’utilité de l’inutile »

Nuccio Ordine écrit en introduction de son livre « …j’ai voulu réfléchir sur l’idée d’une utilité de ces savoirs dont la valeur essentielle est complètement détachée de toute finalité utilitaire. Certains savoirs sont en effet des fins en soi et – précisément parce qu’ils sont par nature gratuits, désintéressés et éloignés, de toute obligation pratique et commerciale – ils peuvent jouer un rôle fondamental dans la formation de l’esprit et dans l’élévation du niveau de civisme et de civilisation de l’humanité. Dans cette perspective, je considère alors comme utile tout ce qui nous aide à devenir meilleurs. »