Action réaction

Action réaction

10 novembre 2023 Non Par Paul Rassat

L’époque se veut à l’action mais elle n’y parvient pas toujours. C’est pourquoi elle utilise la langue dans un french kiss à celle-ci pour mettre l’action en érection. C’est qu’il faut performer, être performant. La bravitude de Ségolène constitua un fourchage linguistique, un lapsus mais aussi une première tentative involontaire vers le langage de l’action. Quand la bravoure n’est qu’une qualité à mettre en œuvre, la bravitude en est l’exercice concret. Las, Ségo était gonflée mais elle ne franchit pas le cap de la réalisation pratique. ( Photo : affiche du film  » Singin’in the Rain, Warner Bros Video)

Le –ing anglois

Les Anglois possèdent la maîtrise du thé dont les vertus diurétiques sont pleinement en harmonie avec la situation insulaire de leur territoire. Ils ont aussi cette forme verbale en –ing qui signale l’aspect d’une action en train de se développer. La plus belle illustration en est vraisemblablement Singin’ in the Rain qui complète si bien l’univers liquide et anglo-saxo.

Ayons des idées

Forts de cette inventivité qui fait partie de notre génie, nous, Français, compensons toutes sortes de manques par notre inventivité. Lors du premier choc pétrolier, dans les années 75, nous étions fiers de déclarer « On n’a pas de pétrole mais on a des idées. » Avoir les deux ne serait pas plus mal mais il faut être réalistes, lucides, un peu fabulateurs, ça aide. N’est-ce pas Monsieur Coué ?

Le –ant françois

Nous eûmes donc la géniale idée de piquer la leur (d’idée) aux Anglois afin de transformer en –ant leur –ing. C’est pour cette raison que nous avons des remettants aux Césars, des soignants qu’on applaudit à défaut de les rémunérer correctement, des sachants qui libèrent le savoir au lieu de l’ensacher, des écrivants qui n’ont pas peur de la page blanche.

Les actants actent pendant que les impactants, comme Cyrano, touchent à la fin de l’envoi en colis express. Il y a les faisants puisque l’époque est au faire substantivé, les dirigeants. Ah, dirigeant existe déjà mais comme les dirigeants sont de moins en moins bien perçus, pourquoi ne pas les néologiser en leaderants ? Ou bien les transformer en pasteurisants à la façon des pasteurs d’autrefois qui menaient les troupeaux ? Avec cette petite touche aseptisée en plus.

Le –ing et le -ant

Les geants iraient parfaitement en place de gens parce que les gens auraient ainsi l’impression d’être actants. Des actants qui posent ici ou là des actes forts plutôt que des RTT. Se méfier quand même car les pédalants du Tour d’Italie 2020 ont réussi à faire raccourcir une étape trop difficile. Et quid des itinérants, des migrants ? Les transformer en mutants.

Vive le –ant français en place du –ing anglois : demeurons francisants, que diable !