Animaux, humains, motivations intellectuelles, politique

Animaux, humains, motivations intellectuelles, politique

22 juin 2021 Non Par Paul Rassat

Bête comme un animal

«  Il a été très longtemps difficile pour les animaux de ne pas être bêtes et même très bêtes ». C’est normal puisque qu’on les réduisait à l’état de « mécanique sans âme ». Certaines compétences étant réservées à l’Homme, le rire, les sentiments, la pensée…, on ne cherchait même pas à en déceler une once de présence chez les bêtes.

Imitation et intelligence

Et puis l’étude des animaux permet de déceler des facultés d’imitation entre eux. Une imitation qui s’adapte à l’environnement, qui fait « de l’autre «  avec «  du même ». Avec des variations. Serait-ce une preuve d’intelligence ? « Parallèlement seront distingués les processus d’éducation intentionnelle actifs et qui répondent à un projet, et l’imitation à l’œuvre dans un apprentissage non volontaire, passif. » On distingue alors l’intelligence qui résout directement des problèmes de l’imitation qui serait « l’intelligence du pauvre ». Or il faut savoir observer, comprendre certaines finalités pour  comprendre l’intérêt de l’imitation et la maîtriser.

Les hommes ne sont pas des animaux comme les autres

Et Vinciane Despret de citer des techniques apprises de singes imitant d’autres singes et de poser la question « Les singes singent-ils ? » Les mésanges décapsulant les bouteilles de lait posées sur les perrons anglais  et s’adaptant à de nouveaux systèmes de fermeture. « Mais seuls les hommes imiteraient vraiment. Placés dans des situations comparables, des enfants imitent scrupuleusement les gestes vus pour obtenir un résultat alors que les singes vont droit au but.  «  Ou peut-être les singes n’ont-ils jamais imaginé qu’on attendait d’eux une chose aussi stupide que d’imiter, geste après geste, et sans écart, des humains pourvoyeurs de friandises ? Sans doute est-ce cela qui finalement manque à ces animaux : l’imagination. »

Les ravages de l’empathie

Si l’on pousse plus loin le raisonnement de Vinciane Despret, les écoliers supportent l’ennui scolaire, cette bêtifiante maxime qui soutient que la pédagogie est l’art de la répétition, parc e que l’empathie dont ils sont capables leur fait éprouver de la pitié pour les adultes qui les enseignent. Souvenons-nous de cette expérience qui place deux singes dans la même situation pour obtenir la même récompense. La règle du jeu évolue au cours de l’expérience. L’un des deux voit que pour le même « travail » il obtient bientôt une récompense moindre. Il cesse rapidement de faire des efforts qui ne lui rapportent pas le résultat escompté. Les singes accepteraient-ils RSA et indemnités de chômage ?

L’intérêt d’une manipulation bien pensée ?

À partir de quand un homme devient-il chauve ? De quelle quantité de cheveux sur le crâne ? Quand l’imitation devient-elle intelligence ? À partir de quand un biais cognitif qui permet de gagner du temps de réflexion pour être plus efficace devient –il une sclérose de l’esprit ? Quel intérêt y a-t-il à suivre un influenceur ? Repensons à Propaganda écrit en 1928. « Théoriquement, chaque citoyen peut voter pour qui il veut….

    Théoriquement, chacun se fait son opinion sur les questions publiques et sur celles qui concernent la vie privée. Dans la pratique, si tous les citoyens devaient étudier par eux-mêmes l’ensemble des informations abstraites d’ordre économique, politique et moral en eu dans le moindre sujet, ils se rendraient vite compte qu’il leur est impossible d’arriver à quelque conclusion que ce soit….. » Et son auteur, Edward Bernays devint le pape de la propagande, servit de modèle aux nazis. Répondant aux sollicitations du lobby du tabac américain, il poussa les femmes à fumer dans la rue lors d’une manifestation d’ampleur appelée «  Les torches de la liberté. » Liberté vendue aux cigarettiers.

Le discours politique

Ce matin-là, à la radio, Nicolas Dupont-Aignan faisait du Nicolas Dupont-Aignan. «  Je vais vous dire…Or qu’est-ce que je constate ?…On voit bien ce qui se passe…Qu’est-ce que je propose ?…J’ai eu un jeune qui est venu me voir (Un jeune est venu me voir ? Un « juvénile » ?)…Marchons sur nos deux jambes…Ne mettons pas tous nos œufs dans le même panier… » Ouf ! Le discours politique ? « C’est simple. Je vais vous dire. C’est clair. Il faut regarder la réalité en face… » En réalité, ce qu’on te demande de regarder en face, c’est la réalité telle qu’on veut te la présenter. Restreinte au point de vue de l’énonciateur. Et puis, on ne manquera pas, les soirs d’élection, d’affirmer « Les Français nous disent… » pour nous dire ce que nous avons dit mieux que nous ne l’avons dit.

Politique et publicité

L’interview de Nicolas Dupont-Aignan fut suivie d’une publicité pour les « vertus formidables du curcuma ». On ne sait plus très bien si la politique est une publicité ou si la publicité est une politique. Les vertus du curcuma pour la peau. Contre une peau insoumise. Trop verte . Contre un rassemblement intempestif de peaux. Une peau trop républicaine, trop debout. Une peau socialiste qui s’oublierait à en devenir communiste ?

Les animaux font-ils de la politique ? Voir la tentative du chien « Saucisse ». Que diraient les écoliers, les humains, les électeurs…si on leur posait les bonnes questions ?