Avignon, le pont, le festival…

Avignon, le pont, le festival…

20 juillet 2023 Non Par Paul Rassat

Avignon ! «  Il était un prince en Avignon Sans royaume, sans château, ni donjon… » disait la chanson en 68. C’était l’époque où l’absence de soutien gorge meublait l’imaginaire. Un peu plus tard, on découvrit au Festival un Pierre Clémenti. Ses ailes de géant l’empêchèrent trop tôt de marcher. La Guerre de Troie fit de nouveau vibrer les pierres du Palais. Mais on entendait dernièrement, à la radio, quelques spécialistes se demander si l’on était bien encore sur les traces de Jean Vilar. On se félicitait que l’anglais fût la langue invitée cette année «  en » Avignon. On radiotait, en somme.

Transhumance

Le monde du théâtre, des arts vivants et de la culture est en pleine avignonance, comme les bêtes sont en transhumance. On avignone et on désavignone comme on montagne et on démontagne. C’est le principe de Sisyphe, et donc à qui jeter la pierre ? Un avignoneur m’envoie ce texte tellement pertinent.

Le diable rouge (extrait) d’Antoine Rault (2008 ?)

Colbert : Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou…

Mazarin : Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’État… L’État, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’État en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les États font ça.

Colbert : Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?

Mazarin : On en crée d’autres.

Colbert : Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.

Mazarin : Oui, c’est impossible.

Colbert : Alors, les riches ?

Mazarin : Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.

Colbert : Alors, comment fait-on ?

Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage ! il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux-là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser…

C’est un réservoir inépuisable.

Claude Rich dans  » Le diable rouge  » en 2009

Réponse de Talpa

— Texte profond et juste aurait dit Ségo segon segonflé. Ségo qui va bosser chez quand onouna que l’amour, Ségo dont les deux pôles se touchent. Cependant quelques remarques: l’État peut devenir tout entier une prison, avec sa légitime violence d’État. Il peut aussi créer et entretenir la Dette, ce monstre sanguinaire qui dévore les petits nenfants avant même leur naissance. L’État se mue alors en faiseur de pâté à chair humaine que se partagent ceux qui sont encore en État de gouverner car ils sont nés avec un gouvernail à la place du cœur et un balai dans le cul. Et qu’est-ce qu’il en dit Mazarin? Rin de rin, non je ne regrette rin.

Il est évident que cette réponse de Talpa doit tout à la licence poétique. Elle n’a rien à voir avec la réalité qu’il faut regarder en face. Toute ressemblance avec un budget annuel, un faisceau de graphiques et de statistiques ne serait que fortuite. Circulez, il n’y a rien à voir.

— Mais, M’sieur, moi j’étais venu pour voir le festival…

— Circulez, j’vous dis. Y’a rien à voir. Rin de rin.