« Chère Léa » de Jérôme Bonnell
10 mai 2022De l’importance vitale du bistro à la française
Le bistro tenu par Mathieu (Grégory Gadebois) tient lieu de confessionnal laïc. Centre de vies décentrées, de rencontres, de découvertes, d’aide. On y consomme la vie autant que des boissons ou des nourritures. Mathieu est, étymologiquement, un don de Dieu. Dire qu’un critique France intéresque de cinéma critiquait Grégory Gadebois y a quelques années pour la manière dont il habitait son rôle de chef d’orchestre ! Juste la présence nécessaire. Pas trop, pour laisser place à l’aventure, à la vie des autres. À la chère Léa.
Que dit la baleine ?
Le personnage principal, tenu par Grégory Montel, est Jonas. On se demande tout au long du film comment et où le recrachera la baleine qu’est la vie. Elle nous avale, nous secoue et nous recrache on ne sait où. C’est qu’il s’agit d’amour, du principe de désir et du principe de réalité, d’orthodoxie et de chemins de traverse. On y survit aux malentendus, quiproquos, fausses routes, contre temps. Nos vies sont tissées d’irrationnel dont nous tentons maladroitement de faire un continuum logique.
Chère Léa
Où est l’amour dans tout ça, chère Léa ? Chère car elle provoque l’errement de passions et des attachements…qui coûtent cher. Pas en budget mais en investissement personnel sans retour. — « J’ai un peu quelqu’un » dit l’un des personnages. C’est ça, l’amour ? Ou bien un gosse de onze ans qui regarde du porno en cachette ?
Dire. Écrire. Chanter. Se taire. Aimer. « Chère Léa », vous êtes un film discrètement attachant.