Commémorer la réouverture des terrasses, on en parle

Commémorer la réouverture des terrasses, on en parle

5 mai 2021 Non Par Paul Rassat

En mai, commémore ce qu’il te plaît, travail, terrasses…

La polémique sévit autour de Napoléon. Doit-on commémorer un conquérant, un tyran, un misogyne esclavagiste, un libérateur ? Le mois de mai est cependant celui des célébrations. La Fête du Travail, le premier, la fin de la deuxième Guerre le huit mai. Pourquoi ne pas y ajouter la réouverture des terrasses le dix-neuf ? Celles-ci sont nos jardins suspendus de Babylone, arrosées différemment.

En terrasse !

Après un trop-plein de Covid,  le principe des vases communicants relance les apéros « en » terrasse : les appartements et les maisons se vident pour remplir verres et terrasses, ces dernières traduisant le mode de vie à la française. Il est même question de faire inscrire la terrasse aux biens plus ou moins immatériels de l’UNESCO comme l’a été le repas à la française. Il s’agit là de répondre à la menace « Allah terrasse des cafés » par une appropriation gauloise sans filtre, et même par une revendication identitaire et culturelle « Prenons un coup en terrasse. » Retrouvons le coup de feu en cuisine et non à l’arme automatique. Roulons en vélo pour rester verts.

Célébration

« Quand mon verre est plein je le vide, quand mon verre est vide je le plains » écrivait Raoul Ponchon de qui le prénom  flirte à une lettre près avec le patronyme d’un professeur de médecine autour duquel fleurit la polémique. Nostradamus en aurait tiré des conclusions à défaut de tirer des coups pendant que d’autres les boivent à force de vouloir rattraper par masques interposés les carnavals cette année annulés.

L’eau étant paraît-il un excellent élément qui participe à la dégradation du Covid 19, certains en mettent dans le vin qu’ils recommencent à partager en terrasse alors que d’autres, les puristes, pratiquent en une forme d’eucharistie, l’absorption du produit dans son intégrité naturelle.

Reprises diverses

Pendant qu’on vide allègrement des bouteilles, les embouteillages reprennent sur les routes qui ramènent aux bureaux, aux ateliers, aux établissements scolaires en un mouvement qui mêle le monde d’après au monde d’avant et nous ramène au monde pendant, qu’on avait tendance à oublier. Ce monde pendant un peu à la manière des attributs du curé de Camaret.

Sachant qu’un attribut se construit grammaticalement avec un verbe d’état alors qu’un complément d’objet traduit une action, comment mettre en avant des attributs sans action ? En l’état, la réponse demeure pendante. Du coup, on en boit en terrasse afin de terrasser maladie et morosité.

Boire des verres

Il paraîtrait que les verriers mettent au point une gamme de produits adaptés à notre époque, on éviterait les verres à pied qui évoquent trop les licenciements que la crise économique successive à la crise pandémique laisse présager, les verres ballon intègrent une connotation pénitentiaire peu agréable à certains. On se tournerait donc vers les verres carrés qui correspondent si bien à notre époque : elle exige de voir la réalité en face quand on est au pied du mur afin de ne pas se prendre les pieds dans celui-ci.

Cette évolution essentielle du « boire à la française » devrait être un jour inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et il est question de faire collection de bouts de terrasses comme de morceaux du Mur de Berlin. Go !

Dialogue de taupes

— Les terrasses, les terrasses, comme s’il n’y avait que ça!

— C’est important pour le lien social. Tiens, je te donne une définition de mots croisés : verres de contact, en cinq lettres.

— Je vois pas.

— Normal! C’est « apéro ».

C’était le 24 ème Éditaupe

— T’es sûre.

— Oui.