Dictionnaire amoureux de la bêtise

Dictionnaire amoureux de la bêtise

16 décembre 2022 Non Par Paul Rassat

Au secours ! Comment s’évader du Dictionnaire amoureux de la bêtise pondu par François Rollin ? L’ouvrage comporte de nombreuses entrées mais aucune sortie, sinon d’esprit. N’est-ce pas le moyen le plus sûr de valoriser la bêtise en question ? Au fond ( au final, dirait-on aujourd’hui) ce dictionnaire ne met aucun Plon dans l’aile de la bêtise. Il n’est lui-même qu’une entrée parmi l’infinité d’occurrences de la bêtise. L’une des manifestations les plus évidentes de celle-ci est la confusion qui pousse à considérer comme synonymes la stupidité, l’ânerie, l’idiotie et autres nuances. La connerie relève d’un statut spécial, car être con, c’est littéralement se trouver à la charnière de l’existence et de la non  existence. Ni né ni à naître. Une sorte de courant d’air, de pet, de vent à l’origine du monde.

S’intéresser à la bêtise=s’intéresser à l’humain

L’intérêt de ce type d’ouvrage est que nous nous y retrouvons en terrain de connaissance. D’y découvrit aussi de nouveaux horizons. Je suis bien conscient qu’écrire ces lignes ajoute de la bêtise à la bêtise. On notera cependant l’immense lâcheté de François Rollin qui passe sous silence tant d’entrées possibles. Il se met ainsi à l’abri de poursuites en justice initiées par des zélus, des puissants. L’humour que François Rollin apporte à l’érection de ce monument donne à celui-ci ce caractère « amoureux », cette complicité qui adoucit la douleur d’un priapisme par lequel s’exprime la bêtise à flux tendu. Celle-ci nous submerge et nous la nourrissons en retour. Des premiers de cordée à la théorie du ruissellement. Du grand remplacement à la petitesse de nos esprits. S’intéresser à la bêtise, c’est s’intéresser à l’espèce humaine. Il y a bien longtemps, bien avant Rabelais, un singe aurait déclaré «  Le rire est le propre du singe. »

Dessin de Sempé, bien sûr.

S’en tenir là

Quelques lignes tirées des cinq cents pages du dictionnaire, à l’entrée Jankélévitch, Vladimir.  Celui-ci définit « la bêtise comme «  un arrêt dans le dynamisme infini de l’intelligence…La bêtise, c’est de s’en tenir là, peu importe où…C’est la conscience bien contente qui s’installe ainsi avec toutes ses tares, avec toutes ses rides, dans la stupide vanité d’être ce qu’elle est… » La mort, mon cher François, serait-elle la bêtise suprême ? Nous y entrainerions-nous toute notre vie ?

PS

La fenêtre de recherche (emplacement avec loupe, sur la page d’accueil du site) vous permet de vérifier que Talpa chérit tout particulièrement la bêtise)