Dissolution

Dissolution

5 juillet 2024 Non Par Paul Rassat

— Dissolution, dissolution ! Où es-tu allé chercher ça ?

— C’est sorti tout seul, Brigitte. Je croyais que la présidence serait une promenade de santé qui mettrait en avant mes mérites. Si j’avais su ! Ils n’ont pas arrêté de me chercher. Tous, oui, tous. Pour Alexandre, pour traverser la rue, pour le pognon de dingue, pour ton âge…

— Mon âge, mon âge, s’il n’y avait que ça ! Qu’est-ce qui t’a pris de dissoudre, à la va-vite, en plus ?

— Tu te souviens des cours de théâtre ? Mon petit défaut de prononciation. Des mots à répéter pour me corriger.

— Oui, et alors ?

— Parmi les exercices que tu m’avais donnés, il y avait «  Je dissous, c’est la dissolution qu’on ne peut pas dissoudre ».

— ?

— J’ai paniqué. Jordan, il est balèze. Et puis Marine, sa mâchoire carrée. J’ai eu peur. La fragilité de mes 16 ans m’est retombée dessus, d’un coup. Vlan ! J’ai repris machinalement les exercices de prononciation comme un refuge. Une sorte de réflexe de Pavlov réactualisé en fonction de la situation qui m’échappait. Tu m’en veux ?

— Ce n’est pas la question. Il va falloir recevoir Jordan et Marine, tu te rends compte ? C’est affreux.

— On va s’habituer. Je t’enverrai mes conseillers pour te distraire. Et puis, ça risque d’être rigolo de voir Marine et Jordan patauger comme des parvenus.

— Ne plaisante pas avec ces deux- là . Il y aura aussi Ciotti et puis les autres. Tu ne vas pas t’en débarrasser facilement. Je pense que tu as été influencé par Qui veut la peau de Roger Rabbit. Tu as dû le voir alors que tu avais 11 ans et tu as compris de travers certaines choses. Le juge DeMort finit lui-même dans la trempette censée dissoudre les toons. Ta dissolution risque de te dissoudre toi-même juste après avoir fait picoti-picota avec Jordan et Marine.

— Finir comme un personnage de fiction après avoir été Jupiter, pas si mal !

— Manu, sois grand. Entre en Résistance. Dissous l’adversité.

— En tout cas je tiens parole : je fais de la politique autrement.