Entrefilets de canard et de Talpa

Entrefilets de canard et de Talpa

3 décembre 2023 Non Par Paul Rassat

Quelques entrefilets, au gré de l’humeur.

— «  Je suis venu, j’ai vu, j’ai dévendu ». Christophe Béchu.

— «  Le luxe n’est plus un luxe » écrit le journaliste Jean-François Pécresse cité par Le Canard. La connerie n’est plus de la connerie.

IA : aïe, aïe, aïe

Entendu une spécialiste, à moins que ce ne soit une experte, dire qu’il ne faut pas craindre l’IA parce que celle-ci n’a pas de conscience. Elle n’a aucun ressenti. En matière d’intelligence, ce serait donc comme pour la météo. Il y a l’intelligence annoncée et l’intelligence ressentie, comme il y a la température annoncée et la température ressentie. Il en va de même en politique avec les décisions annoncées et les décisions ressenties. Sous abri d’un bel immeuble bourgeois ou bien dans un taudis.

Intelligence politique

On se souvient de Gilles Legendre regrettant que la majorité ait été « trop intelligente », trop subtile. Il est possible de se demander, Gilles, s’il ne s’agit pas de cette intelligence fermée sur elle-même et privée de ressenti humain. Si les machines ne raisonnent pas, il est parfois possible de se demander si les politiques raisonnent toujours autrement qu’en circuit fermé. Pourquoi s’inquiéter de l’IA ? Nous avons déjà la politique artificielle, l’économie artificielle. Le globish est notre langue artificielle.

Apprendre

Nous apprenons que le verbe apprendre signifie aussi bien apprendre à quelqu’un d’autre qu’apprendre soi-même, littéralement « prendre avec soi ». Nos zélus zés responsables apprennent beaucoup. Nos Présidents de la République briguent un deuxième mandat en arguant qu’ils ont appris, ils ont changé, ils vont faire mieux. Effectivement, ils prennent parfois beaucoup avec eux. Alors qu’on se demande encore si l’intelligence artificielle est capable d’apprendre par-elle-même. Et si elle a une conscience. Il est toujours possible de se poser les mêmes questions à propos de certains zélus.

Apprendre, toujours

Jean-Bertrand Pontalis se réjouissait d’être payé par ses patients pour apprendre. Certains métiers, effectivement, permettent d’apprendre. Celui de professeur en fait partie et c’est à condition que le professeur lui-même apprenne que le métier est efficace. Il serait possible de classer les métiers en deux catégories : valorisants parce qu’ils permettent d’apprendre, répétitifs et stériles.

Allons plus loin

Allons plus loin entre l’annoncé et le ressenti. Une publicié vante les vertus d’une tablette avec laquelle une nonagénaire, Josette, je crois, est tellement contente de voir sa famille. Imaginons que la nonagénaire en question pourrait souhaiter balancer la tablette devenue inutile car elle vivrait avec sa famille. Tablette annoncée, chaleur humaine ressentie.

Du coup

Du coup, entend-on souvent dire. Quel coup ? Du coup, revenons à l’IA. Le progrès immense qu’elle permet dans certains domaines sera-t-elle contrebalancée par une régression ? Devenue mémoire totale et immédiate, elle risque d’alimenter des débats qui ressembleront à la disputatio du Moyen Âge pendant lesquels les débatteurs tentaient d’assommer leur contradicteur à coup de citations. Imaginez un échange de citations de jurisprudences ! La justice en sera-t-elle améliorée ? Sa dimension humaine renforcée ? On verra. Du coup encore, tout ça servira-t-il à enrichir l’intelligence, les relations, la bienveillance, la générosité humaines ? Allez savoir ! Demandez à l’IA de vous répondre.

In cauda donum

Le Rassemblement National serait favorable à une IA nationale. Et cadeau dans le cadeau, signalons que les verbes apprendre et appréhender sont cousins. Jusqu’à la confusion de sens parfois.