Exécution

Exécution

29 mars 2022 Non Par Paul Rassat

Au fil du temps, l’homme a inventé toutes sortes de façons de donner la mort à son prochain condamné. Exécution!

Les débuts

Nos plus lointains ancêtres, encore dépourvus d’outils, ont vraisemblablement expérimenté l’enterrement vivant, la noyade, la précipitation d’un lieu élevé ; toutes formes de mises à mort écologiques. Il est d’ailleurs possible de se demander si le fait de se précipiter de nos jours en tous lieux et en toutes occasions constitue un réel progrès.

Le progrès

Il a fallu attendre l’invention du feu pour voir naître ici et là des bûchers. L’éventration a dû attendre la fabrication des premiers couteaux à cause d’essais infructueux à main nue. L’écorchement aussi, qui a marqué une notable évolution dans la connaissance du corps humain. L’écrasement par des animaux a suivi la domestication de ceux-ci, tout comme l’écartèlement par des chevaux. Le supplice de la roue a coïncidé avec l’invention des tout premiers véhicules. La brouette qui a contribué à la modification de bien des comportements dans bien des domaines. La pendaison a nécessité de savoir fabriquer des cordes. L’immersion dans l’eau bouillante donne de si belles pages dans Je, François Villon de Jean Teulé. Elle passerait de nos jours pour un gaspillage inadmissible.   

Culture de la mise à mort

La crucifixion a pu constituer un exploit dans des régions désertiques où le bois était rare. On notera que la même croix  servait plusieurs fois. La cage à marée n’a malheureusement pas débouché directement sur l’usine marémotrice. La décapitation sous toutes ses formes continue de faire perdre la tête à bien des gens. Si l’on passe rapidement la strangulation, l’emmurement et quelques joyeusetés du même ordre, restent les moyens modernes d’exécution qui renvoient chacun à sa forme de culture.

Les dernières technologies

   L’électrocution doit beaucoup à la croyance totale dans le progrès. La fusillade technicise les instincts chasseurs de nos semblables qui devraient être obligés  de cuisiner  et de manger la victime. L’injection létale ressemble à s’y méprendre aux frappes chirurgicales sans dommages collatéraux officiels. Le gazage, qui a pourtant fait ses preuves, a été abandonné  pour défaut de rentabilité à l’unité. Le sciage, intéressant dans un premier temps où il relevait de l’artisanat, a migré vers le cinéma avec l’invention de la tronçonneuse. La guillotine, en activité jusque dans les années 80, était avant tout un outil administratif caractérisant si bien notre société française. La balle dans la nuque pratiquée en Chine traduit un souci d’économie. On aurait pu espérer que l’Espagne inventât une forme d’estocade qui rappelât celle  de la corrida en place d’une strangulation peu spectaculaire.

Tu es Pierre…

   La lapidation demeure un mode d’exécution à part, qui traverse toute l’Histoire de l’humanité et constitue un caillou dans la chaussure de celle-ci.

   On voit que l’homme s’est ingénié de tout temps et en tout lieu à donner la mort de bien des manières, mais c’est certainement le fait de ne pas la donner qui exige le plus de génie.

Des missi dominici aux missiles russes

Les missi dominici carolingiens sillonnaient l’Empire de Charlemagne pour y constater l’exercice du pouvoir. Ils en étaient étymologiquement les envoyés. La Russie actuelle envoie des missiles hypersoniques. Des envoyés qui vont bien plus vite que la vitesse du son. Missa est ? (La messe est dite ?)