Simone, Irena, Madeleine, des femmes libres

Simone, Irena, Madeleine, des femmes libres

30 mars 2022 Non Par Paul Rassat

Le point commun entre ces trois femmes ? Elles ont traversé la guerre, ont résisté et se sont battues. On les retrouve dans les albums scénarisés par Jean-David Morvan, mis en images par Dominique Bertail pour Madeleine et David Évrard pour les autres. Simone, Irena et Madeleine ont eu de la chance. D’autres qu’elles ont disparu dans les combats, sous la torture, dans les camps. Mais ce qui les réunit et les a sans doute portées est cette dimension intérieure, intime, qui les a poussées à demeurer fidèles à un idéal, à des valeurs.

La conscience ?

Ce mouvement intime est vraisemblablement la conscience cherchant à s’incarner. Elle prend la forme de la liberté revendiquée en permanence pour Madeleine. Elle est l’identité pour Irena. Le respect de l’identité de chacun, en toutes circonstances. Sauvegarder ce que la barbarie veut effacer. Difficile de se prononcer définitivement pour Simone car c’est le premier album qui l’évoque. D’autres suivront. Justice, mémoire, témoignage ? On verra.

Des albums didactiques mais pas pédagogiques

Jean-David Morvan fait vivre et revivre l’Histoire. Il faut mettre les personnages en perspective, donner du sens à ce qui se déroule de page en page. Les dessins procèdent de cette reconstitution minutieuse. Les dialogues aussi. Ils informent, expliquent sans jamais peser. Le dessin ne se limite pas à l’illustration. Il participe à la création. On imagine les discussions entre scénariste, dessinateurs et l’Histoire incarnée par ces femmes. Comment faire dialoguer l’Histoire, les faits et le récit ?

Enfance

Impossible d’éviter en ce moment le parallèle avec l’Ukraine, les témoignages d’enfants. Madeleine, Irena et Simone portent tout le long de leur vie leurs exigences d’enfants. Irena s’adresse à l’enfant qui vit en chaque adulte. Grandir consisterait à renoncer à la soif d’absolu, d’épanouissement. Ce serait un renoncement ? Madeleine, Irena et Simone n’ont jamais renoncé. L’Histoire incarnée par ces femmes nous touche en plein cœur.

Quand les mots vivent

Le sous-titre de Simone est Obéir c’est trahir, désobéir c’est servir. Pas très loin d’ici, sur le plateau des Glières, flotte cette devise « Vivre libre ou mourir. »