Feu ! Chatterton. Un monde de poésie
19 mars 2021Hymne à la nature
Nous sommes ces Palais d’Argile, mondes et réceptacles de la vie qu’irradie l’aube rimbaldienne. Enrichie d’un air de Bohème « Mon auberge était à la Grande-Ourse ». La veine poétique fond visage et paysage. Elle interroge Giacometti, « L’Homme qui marche », évidence, invitation, promesse nostalgique, acte d’amour, élan, solitude reliée. Parfois espiègle, elle se joue de ceux qui veulent nous faire lever tôt et tournent talonnettes. « Se lever tôt nuit » chantait Devos. L’Aube de Rimbaud lnous emporte, Orphée a traversé l’écran total.
La vie est mouvement
Fusion du parlé/chanté, grain de folie et de la voix qui sait murmurer ou se faire éraillée. La parole coule comme l’eau fugitive qu’on laisse filer. Comme la vie. « Memento mori ». Souviens-toi que tu vas mourir, que la vie est éphémère, « un vase qu’on brise, une herbe qui sèche, une fleur qui fane. » « Sois comme le sable/sabre et le vent », poursuis la ligne d’horizon. C’est « la nature des choses », le clinamen, la pluie d’atomes dont tu es un accident. Ce qui advient. File. Échappe à tout enfermement. Tu es matière et vis de sensations qui te relient au monde, parfums, exhalaisons, lumière, mouvement. Tu es pleinement habité par le sentiment océanique, pleinement ici, totalement ailleurs, partout dans l’univers.
Ligne de fuite dans l’univers de la poésie
Ce tourbillon poétique porte la griffe de la panthère noire façon Baudelaire. Là peut-être un clin d’œil à Villon, un souvenir d’Apollinaire, une touche colorée d’Éluard. Tout chante dans la nostalgie, la joie, l’interpellation étonnée. Les temps se chevauchent, l’ancien, le nouveau. Le présent fuit, étiré ou tranché par la parole qui l’enjambe.
La lucidité du poète
Ne pas se soumettre pour ne pas avoir à se réveiller un jour. La lucidité du poète. Murmure, prière, incantation, questions sans réponses. La voix ouvre, les percussions ancrent, l’ensemble tisse le fil de la vie et de l’inspiration. Enrichi de notes poé-li-tiques. La poélitique, équivalent musical de la culture de civilisation. Mais la matière est riche, il y aurait encore beaucoup à écrire. Trop. Écoutons.
Drôle d’histoire pour dire le monde
Un petit jeu cependant. Écrire une histoire composée des titres de l’album. Librement.
« Un monde nouveau, de cristaux liquides, forme un écran total. Mais avant qu’il n’y ait le monde, compagnons, aux confins était la mer ! Tu étais libre, souviens-toi. Ta panthère noire portait des bijoux de fer. Elle était ce cantique offert à l’Homme qui vient. Laissons-le filer dans un monde nouveau. »