Horizons, carnaval et Davos souhaits !

Horizons, carnaval et Davos souhaits !

12 octobre 2021 Non Par Paul Rassat

Édouard Philippe crée la sensation et son parti

On sent derrière ce nom « Horizons » le travail de réflexion en profondeur de cerveaux en quête de sens comme la restauration est en quête de bras. Un  seul horizon n’aurait pas suffi. Le pluriel lui ajoute cette dimension infiniment poétique qui dépasse la gestion par les chiffres. Et puis, on se prend à rêver qu’Édouard Philippe apporte poétiquement sa contribution au retour à l’ordre économique et à l’ordre de la rue. Car c’est le but du parti « Horizons » Retour à l’ordre en vue ! Mais à quel ordre ? Talpa se plaît à évoquer ce roi d’outre-mer, portant gourmette, qui distinguait le peuple et la populace. Pendant des émeutes survenues à cause des augmentations imposées sur les produits de première nécessité, il avait fait tirer sur la foule. Pas sur le peuple mais sur la populace.

La photo ci-dessus représente en partie la couverture du livre de Jean Ziegler « Le capitalisme expliqué à ma petite fille (en espérant qu’elle en verra la fin).

Des horizons en marche

L’horizon est cette ligne qui recule à mesure qu’on avance. Seuls les mirages en perturbent la perception. Il faut cependant avouer que des horizons pour un parti en marche, c’est judicieux. Tout autant que d’associer un parti à un mouvement, afin de partir deux fois.

Horizons bouchés de l’intérieur

Les êtres les moins indispensables arrivent parfois à faire croire qu’ils sont essentiels à la bonne marche de la société. Ils en prennent même la direction. Comment y arrivent-ils alors que la plupart ont des moyens intellectuels très moyens, voire au-dessous ? Les gens performants font confiance à leurs aptitudes et à leurs compétences. Les autres savent qu’ils ne peuvent pas vraiment compter sur eux-mêmes mais doivent utiliser les autres pour arriver à leurs fins. Ils concentrent donc tous leurs moyens, même faibles, à atteindre un seul objectif. Cette réduction et cette concentration des forces permettent d’en renforcer l’efficacité.

Et puis Peter s’exprime (prononcer « Peter » à l’anglaise)

Une fois à la tête d’une structure, d’une société, d’une organisation, le parasite dispose de tous les moyens pour faire croire qu’il y est à sa place. Il se dévoue corps et âme pour la cordée. À des degrés divers, les autres ne sont que des assistés qui lui sont redevables. Rappelons que le principe de Peter consiste à atteindre son plus haut niveau d’incompétence. Une fois parvenu à cette position dominante qui dépasse nos compétences, l’objectif principal est d’y rester et, pour ce faire, d’empêcher les autres d’y accéder. 

C’est tous les jours carnaval

Inverso mundus. Dans ce type de fonctionnement, le carnaval est permanent. Talpa a déjà traité du carnaval. Cette période de relâchement, de compensation et d’excès dure quelques jours. Elle était censée autrefois apporter un rééquilibrage indispensable aux contraintes subies le reste de l’année. Le carnaval se caractérisait par des défilés et des cortèges, des excès en matière de sexe, de nourriture. Par l’inversion des valeurs, des sexes, le haut devenant le bas.

Inversion

La plus grande ruse des premiers de cordée est d’avoir vraiment inversé la donne. Le monde normal ne dure que quelques jours et c’est carnaval tout le reste de l’année. Surtout les années électorales. Le monde de la politique déborde d’affaires de sexe. Celui de la religion aussi. On mange du homard alors qu’on y est allergique, on se fait cirer les pompes à l’Élysée et à tous les sens du terme. On achète ses cigares avec l’argent public, comme on fait payer son taxi. Les défilés sur les plateaux télé sont permanents. Pendant ce temps, le roi carnaval demeure en permanence sur le trône. Ceux que l’on démolit et que l’on brûle tous les jours ne sont que des simulacres. Le roi carnaval est la finance que Don Quichotte devait terrasser. On est arrivé à faire du carnaval autrement en passant par Disneyland.

Discours de Nicolas Sarkozy à Davos en 2010 (extraits)

« La perpétuation et l’accumulation des déséquilibres a été le moteur et la conséquence de la globalisation financière…La mondialisation a d’abord été la mondialisation de l’épargne. Je veux dire très clairement que la mondialisation de l’épargne a engendré un monde où tout était donné au capital financier, tout, et presque rien au travail, où, l’entrepreneur passait après le spéculateur, où le rentier prenait le pas sur le travailleur, où les effets de levier – l’expression « effets de levier », tout le monde n’avait que cela à la bouche -, atteignaient des proportions déraisonnables, et tout ceci a engendré un capitalisme dans lequel il était devenu normal de jouer avec l’argent, de préférence des autres, de gagner facilement, extrêmement rapidement, sans effort et souvent sans aucune création de richesses ou d’emplois, des masses d’argent absolument considérables. »

Davos souhaits : suite

« Une des caractéristiques les plus frappantes à mes yeux de ce capitalisme que nous avons laissé naître, c’est que le présent y était tout et l’avenir ne comptait plus. Tout pour le présent immédiatement, plus rien pour l’avenir. On lisait d’ailleurs, j’en veux pour preuve… cette dépréciation de l’avenir dans les exigences absolument exorbitantes de rendement. Ce rendement dopé par la spéculation et les effets de levier, c’était le taux d’actualisation des revenus futurs : plus ils s’élevaient, moins l’avenir comptait. Tout, tout de suite… Quelles sont les finalités que nous poursuivons ?… »

« Nous sommes dans un monde où… »

Cette formule « Nous sommes dans un monde où » est aussi magique que « Il était une fois. » Il était une fois un monde où nous étions à la fois dedans et dehors. Nous regardions du dehors ce que nous y faisions dedans, en un narcissisme exacerbé par la profusion d’images. Notre regard ne pouvait pas rejoindre notre action. Le premier se situait à l’extérieur (ou le croyait), l’action se limitait à l’intérieur. Nous schizophrénions par écrans interposés dans un carnaval permanent. Les sommets y voisinaient avec les bas-fonds à la recherche toujours renouvelée d’horizons nouveaux où règnerait l’ordre selon certains.

« Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté. »

Le livre de Jean Ziegler propose de rompre avec l’ordre cannibale que le capitalisme impose au monde.