Hyperbole

Hyperbole

27 novembre 2024 0 Par Paul Rassat

Ce n’est pas la finale du championnat étasunien de football américain mais une figure de style qui, dans le langage courant correspond à l’exagération. C’est aussi une arme redoutable en matière d’argumentation car elle procède parfois de la plus évidente mauvaise foi et permet de couler le raisonnement rival le plus élaboré et le plus honnête sans même en étudier la progression ni les subtilités. Pour manier l’hyperbole, à portée de tout le monde, prenez n’importe quel raisonnement et poussez-le à l’extrême. Entraînez-vous. Utilisez l’hyperbole dans votre vie quotidienne ; si vous y arrivez (et ça marche !), vous avez une chance de réussir dans ce que la vie politique propose de plus caricatural. Peut-être dans la vie politique tout court.

Superlatif

Le superlatif «  exprime la qualité portée à son degré extrême…Ce qu’il y a d’extrême, le maximum, le sommet. » Avant d’exprimer l’excellence le superlatif a désigné l’hyperbole et l’exagération. Lors de sa dernière prestation radiophonique intitulée Admirations littéraires, Fabrice Luchini s’est encore laissé aller à lâcher quelques superlatifs frisant l’hyperbole. «  Géniale, grandiose, extraordinaire, sublime. » Cet art de répéter une formule, une phrase, si cher à Fabrice relève aussi de l’hyperbole. Ah, l’art de la répétition ! Fildeferiser sur la crête si fragile de l’excellence, quel art ! Surtout quand on lit du Jouvet et que l’on commente : « Jouvet, c’est très difficile pour lui, la vie ! »

Rester sur les sommets

Notre vie ressemble, ou voudrait ressembler à la performance de ces grimpeurs qui enchaînent les sommets les plus hauts en un minimum de temps comme le commun des mortels enchaîne les matchs de foot télé bière pizza. Pour demeurer dans l’excellence, le superlatif et l’hyperbole, il y faut de la très bonne bière, un grand écran et une quatre saisons. Difficile de retomber dans la vallée du quotidien  dont Fabrice nous tire heureusement à coups de « géniale, grandiose, extraordinaire, sublime. » Faut bien ça quand n’importe quel succès devient viral et iconique, le moindre album un opus. L’hyperbole est bien le moindre que l’on puisse servir.  » Et derrière, ce sera? »   

Le dessin est de Filipandré.