Inclusivité

Inclusivité

29 juillet 2024 Non Par Paul Rassat

 Le nom inclusivité vient du verbe inclure : « Mettre, comprendre quelque chose dans autre chose qui le contient. Anton. exclure.Au fig. Contenir, renfermer en soi, impliquer comme conséquence…empr. au lat. inclusus, part. passé de includere « enfermer ». 

Avertissement

« Avertissement: la rédaction du TLF est terminée depuis 1994 et la plupart des contributeurs ont quitté le laboratoire. Il n’a pas vocation à être mis à jour. Cette ressource, qui ne fait pas l’objet d’une veille lexicographique, est donc close « en l’état ». Il est donc tout à fait naturel que les définitions qui s’y trouvent ne rendent pas compte des évolutions de la société. » Cet avertissement explique pourquoi on ne retrouve pas le mot inclusivité dans le TLF. Mot apparu quand s’arrête la rédaction du dictionnaire.

Les mots font les choses Pierre Bourdieu

Quelques recherches sur Internet montrent que l’inclusivité viendrait de la volonté d’intégrer des élèves « à profils particuliers » dans le cursus scolaire. L’inclusivité aurait remplacé l’intégration ou l’insertion. Elle nous renvoie au Colloque de Salamanque (Unesco 1994). Un article de L’Una, en ligne, précise :  Certes « le seul changement de mot ne permettra pas [à lui seul] de changer les pratiques, mais il permettra de penser autrement » . La poésie et l’art ne changent pas le monde non plus, peut-être permettent-ils de changer la relation que nous construisons avec lui. Le même article souligne que le sens des mots évolue, change. «  Les émotions par exemple étaient teintées péjorativement au XVIe siècle : le terme « esmouvoir » désignait « un mouvement de révolte, un désordre social ou un soulèvement populaire ». Peut-être le partage des émotions est-il devenu de nos jours une sorte d’opium du peuple !

Exlusion / inclusion

Jusque naguère notre société réglait les problèmes en excluant : les condamnés, les malades mentaux, les malades contagieux, les personnes différentes… L’inclusivité a remplace l’inclusion : Le terme « inclusion » a une origine latine (inclusio) traduisant l’emprisonnement. « Après une longue absence d’usage, il est repris au XIXe siècle au sens d’insérer, c’est-à-dire de “faire entrer un élément dans un ensemble ». Mais une confusion entoure l’apparition et l’usage du mot inclusivité. Bourdieu avertissait « On en arriverait presque au fait que l’ordre des mots révèle toujours un ordre des choses ou, pour le formuler autrement, que dire c’est toujours consacrer un certain état des choses donc en sanctionner ou en écarter d’autres. Encore faudrait-il avoir connaissance des enjeux liés aux actes de parole et prendre la mesure de ce que parler veut dire ».

Dynamique participative ?

« En étayant les déclinaisons sémantiques associées, la recherche du mot inclusion est plus souvent associée aux personnes en situation de handicap, et particulièrement sur le plan scolaire. Quant à l’inclusivité, ce terme s’adosse plutôt aux minorités de toute sorte (linguistiques, culturelles, ethniques…), aux discriminations dans le monde du travail (parité homme/femme, racisme, âgisme, etc.) ainsi qu’aux codes de la mode, de la communication, à l’environnement physique, technique et au développement durable, etc…

Le vocable inclusivité, s’il est circonscrit et fortement mobilisé, servirait de tremplin à la dynamique participative des citoyens dans une liberté de choix et de décisions, sans être réduit à un simple habillage ou maquillage verbal. La transition inclusive invoquerait le passage de la période inclusive à celle de l’inclusivité. »

Ouverture

Beaucoup se sont félicités que la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris a été inclusive. L’une des participantes/organisatrices se félicitait sur les zondes :  « Ça aussi c’est du vivre ensemble.. » Il fut question de queer, de krump. Et l’on entendit sur les zondes «  C’est toute une communauté qui s’est emparée de cette danse. » Si l’inclusivité consiste à s’emparer, où ne va-t-on pas ?

Paroles verbales ?

L’article largement cité par Talpa conclut :  Il nous reste dès lors à éprouver ce concept émergent pour vérifier son bien-fondé dans la pratique. » La pluie fut certainement l’élément le plus inclusif de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Elle provoqua cette immersion tant recherchée. Espérons que ces JO nous procureront une expérience immersive et inclusive qui fera oublier les écarts de salaire, l’enrichissement permanent des plus riches au détriment des pauvres. Espérons aussi qu’ils feront oublier que l’expérience la plus immersive en matière d’inclusivité devrait se dérouler à l’Assemblée nationale ; et que nous en sommes bien loin. Rappelons que l’étymologie du mot assemblée renvoie au latin  simul, « en même temps, ensemble ».

Du concept à la pratique

Regardez attentivement le parquet des terrains de basketball qui accueillent la compétition des JO. Plus particulièrement la « raquette ». Inclusivité bien ordonnée commence par soi-même !