Initiation
21 mai 2025Dans quelques contrées lointaines subsiste que l’on appelle une initiation. Il s’agit d’un rite souvent très contraignant que les sociétés imposent aux adolescents. À l’issue de ce passage, les adolescents deviennent des adultes et prennent complètement part au fonctionnement de la société. Les quelques rites d’initiation qui demeuraient dans nos sociétés occidentales ont plus ou moins disparu. La communion en matière de religion, le service militaire qui brassait les couches sociales…L’initiation sexuelle ne se fait plus par la pratique uniquement, elle débute à l’école. Que reste-t-il de nos initiations ? ( Photo : caddy géant de Lilian Bourgeat pour l’expo de La Fondation Salomon au haras d’Annecy en 2017).
Le caddy
L’initiation contemporaine se fait de plus en plus par le caddy. Combien de parents, de grands-parents font leurs courses avec l’enfant ou le petit enfant dans le caddy ? Il y a très longtemps, l’initiation se faisait dans un coin reculé de la forêt. L’endurance, parfois la souffrance en faisaient partie. Il fallait apprendre à se nourrir, à chasser, à montrer son courage. Désormais l’initiation se déroule au supermarché. L’enfant installé dans un caddy apprend plus ou moins à résister à la tentation de tous les produits exposés. Les plus tentants sont d’ailleurs disposés à hauteur de gamin.
Pousseur de caddy
La phase « ultime », pour reprendre un terme à la mode, la phase ultime de l’initiation consiste à confier un mini caddy à l’enfant qui peut ainsi s’identifier par anticipation au consommateur que la société lui demande de devenir. Le môme pousse fièrement le chariot qui remplace l’arc et la flèche. Il apprend à se diriger dans la forêt de produits, à se saisir des promotions, à jauge, évaluer juger. Devenu très âgé, le consommateur peut s’appuyer sur le caddy qui l’aide ainsi à avancer dans les allées verdoyantes, colorées, bariolées de la société de consommation. Certains redécouvrent l’achat au poids, dans des sachets écolos, comme cela se pratiquait naturellement à l’époque révolue qui précéda la prolifération des supermarchés.
Le caddy, un cadeau ?
Le dictionnaire nous apprend que le caddy est d’origine anglaise et que l’anglois a piqué le terme au français cadet qui renvoie au provençal capdel, « cadeau ». Malheureusement tout vous incite à remplir le caddy, mais cela n’est pas cadeau.
Mettre le paquet
Notre ministre des affaires étrangères évoquait un nouveau « paquet » de sanctions contre la Russie au cas où celle-ci persisterait dans son attitude. Jean-Noël Barrot met le paquet. On parle habituellement d’une série, d’un ensemble de mesures. Le mot paquet semble nouveau dans ce contexte. Notre patron de la diplomatie française et donc de notre chère langue ne se laisserait-il pas influencer par l’anglois ? Paquet dérive du mot pacque qui signifie ballot d’étoffe au 15° siècle ; lui-même sans doute emprunté au pack anglais. On verrait d’ailleurs bien se régler l’affaire ukrainienne par une mêlée de rugby opposant deux packs : Poutine et ses alliés d’un côté ; Zelensky et les siens de l’autre. Pour l’instant, on ne sait pas trop où placer Trump.
Le paquet envisagé contre La Russie de Poutine serait le dix-septième. Peut-être faudra –t-il utiliser un caddy géant, comme les fabrique Lilian Bourgeat ?