La culture, un enjeu écologique et social à Annecy

La culture, un enjeu écologique et social à Annecy

17 novembre 2021 Non Par Paul Rassat

La ville est un jardin, cultivons-la.

À l’occasion d’une visite au Clos des Sens, Talpa avait cité un court texte d’Emanuele  Coccia publié dans Relions-nous. « …la ville naît au moment où un groupe d’êtres humains se lie dans une relation de fidélité avec une série de plantes ; c’est avec le premier jardin et avec l’invention de l’agriculture que l’humanité abandonne la posture de chasseur-cueilleur et devient sédentaire…La ville est donc essentiellement un jardin… » Un jardin qu’il nous faut cultiver en respectant les éléments qui le composent. En y agrégeant de nouveaux éléments qui se marient avec les anciens. C’est le principe de la culture.

Candidature d’Annecy au Label Capitale Française de la Culture (avec un C majuscule)

Or, que ne lit-on pas dans le dossier de candidature d’Annecy au Label Capitale Française de la Culture ? Annecy y est présentée comme la «  Ville des possibles ». Il s’agissait de « scénographier la ville de demain. », d’ « Ouvrir le champ des possibles d’une ville en pleine mutation »… « Ainsi, le projet proposait qu’une centaine de sites, répartis dans toute la ville, soient investis par des réalisations artistiques, déambulatoires, rassembleuses et spectaculaires », etc. La candidature d’Annecy n’a pas été retenue. Heureusement ?

Le lèche-vitrines culturel et artistique

Cette conception de la culture envisage la ville comme un bazar dans lequel la mise en scène primerait sur la qualité des produits. La ville est cependant reliée à un territoire. C’est même à ce territoire qu’elle doit son existence et, actuellement, son rayonnement. Et de tout ceci, certains font « un merveilleux terrain de jeu ». C’est ainsi qu’ils l’appellent. Bientôt la notion de parc naturel risque d’être supplantée par celle de parc de jeux. Disney, Astérix, Crétins des Alpes.. Il faudra y vivre des « expériences », y éprouver des « émotions » calculées en fonction de leur rentabilité. Il ne s’agit pas de sombrer dans le misonéisme mais d’ajouter aux atouts de la ville et du territoire une perspective culturelle (et donc écologique) cohérente à long terme.

 La notion de « bazar« 

Il arrive, heureusement pas tout au long de l’année, que le clinquant et le bazar se confondent. Des événements se chevauchent le même jour, le même weekend. La décoration paysagère de la cité installe ponctuellement la nature en ville alors qu’il y faudrait des enrichissements naturels pérennes. Une conversation entre le construit et le végétal qui prolonge subtilement le cadre de montagnes et de végétation en ville.

Pourquoi pas une véritable politique culturelle ?

Les élus passent, certaines structures demeurent. Difficile de construire une cohérence culturelle dans ces conditions. Il y faudrait une volonté véritable alors que la gestion à court terme semble l’emporter et laisse place à l’influence de quelques barons. Pourquoi ne pas s’inspirer de la forêt ? On coupe et on plante de façon à maintenir un équilibre permanent. Celui qui plante sait qu’il ne verra peut-être pas le résultat de son action. Il le fait pour les générations à venir et accepte d’être un instrument autant qu’un repère. Il y faut de la ténacité et de la modestie.

On demandait à Gandhi — Que pensez-vous de la civilisation occidentale? — Ce serait une excellente idée, fut sa réponse.

Quelle image Annecy veut-elle donner d’elle et que veut-elle être ?