La longue marche des dindes

La longue marche des dindes

5 février 2023 Non Par Paul Rassat

Ce roman graphique de Léonie Bischoff, La longue marche des dindes, est une sorte de conte réaliste. Le dessin et les couleurs se tiennent d’ailleurs à mi-chemin et parviennent, avec le propos, à captiver aussi bien les adultes que les enfants. Philip Pullman, auteur de Les Royaumes du Nord, a refusé un prix de littérature jeunesse. Il considérait qu’il n’existe pas de barrières d’âge entre lecteurs. Avis partagé lorsqu’on lit Haroun et la mer des histoires de Salman Rushdie. On s’amusera simplement à relever que Léonie Bischoff passe d’ Anaïs Nin aux dindes.

Les vertus de la marche

Les vertus de la marche ont depuis longtemps été chantées. La marche approfondit la pensée. Les péripatéticiens mettaient en pratique cette pratique. Jean-Jacques Rousseau en fit l’éloge. Jacques Lacarrière plus récemment, et Roger-Pol Droit parmi bien d’autres. Il fut des marches historiques. En Chine la Longue Marche. En France d’autres, contre le racisme. Parfois la marche devient course, comme avec Forrest Gump. Déplacement sur tondeuse à gazon dans Une histoire vraie.

Un conte qui incarne des valeurs

Le livre de Léonie Bishoff fait du bien. Sans sombrer dans le pseudo développement personnel ou dans le « feel good » naïf. Le roman de Kathleen Karr s’inscrit dans l’Histoire. Ses personnages incarnent réellement des valeurs dont beaucoup parlent de manière abstraite. Simon n’est pas un as de l’école. Son institutrice ne se limite pas à son rôle d’enseignante. Les quatre héros du livre sont ambivalents. Grâce à leurs qualités personnelles, ils construisent leur propre chemin échappent aux embûches et s’épanouissent. Alcoolisme, préjugés, esclavage, racisme,…rien ne résiste à l’attention véritable portée à l’autre, au respect, à l’amitié. La nature est omniprésente, la relation avec celle-ci fondamentale.

Autodidaxie

Bien sûr, le récit est optimiste. Mais pas naïf. Simon est orphelin de mère. Son père est un danger davantage qu’un soutien. Le reste de la famille n’est pas brillant non plus. C’est par ses qualités personnelles que le jeune garçon tisse les liens humains qui contribuent au succès de son entreprise. Et l’on comprend à la fin pourquoi le Président des USA gracie rituellement deux dindes pour  Thanksgiving. Les enchaînements naturels valent parfois mieux que la logique enseignée à l’école. C’est ainsi que Simon, doué du sens de l’observation, « déploie ses ailes » comme le lui demande son institutrice en l’invitant à rejoindre la « vie active » : en utilisant à bon escient les ailes des dindes!

Le mot de Talpa

Toujours le même plaisir à citer Jean-François Revel « Seuls les bons professeurs forment les bons autodidactes. »