» La pièce rapportée » d’Antonin Peretjatko

 » La pièce rapportée » d’Antonin Peretjatko

6 mai 2022 Non Par Paul Rassat

Le charme discret de la bourgeoisie

Charme discret de la vie passée à ne rien faire ! Immobilisme bourgeois d’une famille qui doit sa fortune au mouvement et à quelques inventions. La porte tambour, la valise à roulettes, les fameux ascenseurs que l’on retrouve jusque sur la Tour Eiffel. Et puis, bien sûr, les monte escaliers dont le plus célèbre permit à Pinochet de faire croire qu’il était handicapé, échappant ainsi à la justice. Autant de blasons qui contribuent à la bonne fortune de la famille roulant Rolls et pavillonnant de luxe. Mais la pièce rapportée vient accidentellement troubler ce cocon d’immobilité luxueuse.

« La pièce rapportée » en DVD, BDR et VOD.

La distribution

Dans le rôle de la mère, Josiane Balasko distribue critiques, mépris, préjugés avec l’assurance de sa supériorité. Caricature de la mère, elle est une charge ironique contre cette bourgeoisie parvenue nulle part grâce à l’argent. N’hésitant pas à tester régulièrement les pistons de son chauffeur de Rolls, elle est cependant farouchement opposée aux mésalliances. Son mépris pour sa belle fille précipite celle-ci vers une issue apparemment fatale pour son mariage. D’autant plus que Philippe Katerine dans le rôle du mari brille par son manque d’assiduité conjugale. La nature ayant horreur du vide, la jeune épouse comble le sien et assure la descendance de la famille. L’intrigue transforme la pièce rapportée du début en véritable travail de marqueterie.

Inclassable

Pochade ? Satire contre la bourgeoise ? Pamphlet politique ? Burlesque ? Un peu de tout ça, avec quelques répliques de portée philosophico humoristique « Ici on ne déplace rien. Le mobilier est immobile. » « Tu n’as pas compris qu’on doit se marier entre nous ? » « Le ruissellement avait ses gouttières. Elle espérait plus… » « C’est comme ça les pauvres. Ça obéit à son banquier. » On pense à Amélie Poulain, à Delicatessen. On voit passer le Violon d’Ingres de Man Ray en chair et en os ainsi que Le chien qui fume. Et puis, pour la rime, Josiane Balasko fait penser à Elvire Popesco !