La violence
13 juin 2025Violence, violent viennent du latin vis , « force, vigueur ». La violence et le viol exigent l’usage de la force pour contraindre, imposer. La violence peut être physique, psychologique. Elle laisse des traces soit à l’extérieur, sur le corps de la personne violentée, soit à l’intérieur, dans l’esprit. Soit dans les deux, comme le viol. Celui-ci est la partie la plus dénoncée actuellement de la violence. Il fait partie, en réalité d’un processus qui dépasse l’acte lui-même du viol. La volonté d’imposer par la force, de s’imposer, de faire subir s’exerce dans de nombreux domaines.
Éducation et dressage
On a longtemps cru qu’il fallait dresser les enfants. Bétharram avait la réputation de faire filer droit les récalcitrants. J’ai le souvenir d’une conversation, au Maroc, avec un conseiller pédagogique français. Celui-ci soulignait : « Ce n’est pas pour rien que l’on confie l’éducation des enfants aux religieux. » Il faudrait couper ce lien sentimental et familial qui parasite le dressage de l’élève ! Souvenir de cette collègue, professeur principale (oxymore !) de l’un de nos fils en classe de 4°. Alors que nous parlions de celui-ci, cette dame fit claquer un : « Monsieur, nous ne parlons pas de votre fils, mais d’un élève. » J’écourtai l’absence de conversation.
Scolarité et contrainte
J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer de façon euphémisée la violence subie par notre autre fils dès la maternelle. Ces situations posent la question du silence. Beaucoup savent, peu le disent, ils passent souvent pour des importuns. C’est ce comportement beaucoup trop répandu qui autorise toutes les formes de violence. Celle-ci va de la violence psychologique, verbale, physique, individuelle à la violence collective, sociale, politique. Lors de la scolarité, qui est elle-même une forme de contrainte, l’individu ( étymologiquement « indivisible ») est séparé : l’esprit d’un côté, le corps de l’autre. Il faut maîtriser ses émotions au lieu d’apprendre à vivre avec elles et à les utiliser au mieux. Le plus important, en somme, étant de garder ses fesses sur un siège inconfortable plusieurs heures par jour. Cette coupure de l’individu le prépare efficacement au monde du travail. Aux taches sans intérêt. À l’absence de sens et donc d’esprit critique.
Compétition
On dénonce les violences faites aux femmes, aux enfants, aux homosexuels, aux étrangers, aux pauvres, aux riches, aux noirs, jaunes, rouges…toutes se rejoignent. À les séparer, on crée de nouvelles violences. D’après René Girard, la violence est la base même de nos sociétés. Ne viendrait-elle pas de nos incompétences, de nos frustrations utilisées désormais pour la plus grande gloire du capitalisme. François de Sales avait compris que la foi n’interdit pas l’imperfection. Quel chemin avons-nous fait depuis ? On parle d’ « excellence » dans tous les domaines. Pas droit à l’erreur, à l’échec. Pas le droit de décevoir. Nos sociétés fonctionnent sur la compétition au travail, dans le sport, sur les écrans. À partir de quand celle-ci se transforme-t-elle en violence ? Cuisinée en spectacle, nous nous en régalons.
Le sens du sacrifice
Il faut dire que nos corps coupés de leurs esprits se détournent de nos désirs spontanés pour satisfaire ceux que nous crée la société de consommation. Peut-être la violence contemporaine aurait-elle là sa racine. À l’origine de nos sociétés, elle en est devenue le lien, le liant décliné, apprivoisé sur les écrans. Avons-nous progressé depuis les toutes premières sociétés et des sacrifices de toutes sortes, animaux et humains ?