Le Garçon et le Héron, de Miyazaki
31 octobre 2023Le propos du film Le Garçon et le Héron ? Il est essentiel, fondamental. Mais ce qui apparaît, saute aux yeux et aux sens autant sinon plus qu’à la compréhension, c’est l’adéquation fusionnelle du fond et de la forme. C’en est à se demander si le récit ne naît pas des images, de leur enchaînement, de rythme comme créés dans l’instant.
D’explosions en explosions
Parti d’une explosion guerrière et mortelle, le film roule d’explosion en explosion des sens, des émotions, des sentiments, des situations. Elles sont le creuset de métamorphoses incessantes nées de rencontres entre le bien et le mal, le haut et le bas, différentes temporalités. Chaque étape est un choix possible.
Choisir de choisir
Ceux qui n’ont pas exercé leur liberté de choix se sont condamnés à subir. Consommés par le système qui les asservit, ils survivent en consommant à leur tour les autres. Ininterrompue, cette chaîne conduit au fascisme. La dictature apparaît métaphoriquement sous l’apparence de formes et de volumes géométriques primaires dont l’équilibre artificiel est sans cesse compromis. Elle prend, à l’occasion, l’image paternaliste et bienveillante qui permet de dissimuler son fonctionnement destructeur. À l’opposé, le choix de l’approche et des liens humains, de la profusion créatrice ouvre un champ infini de profondeur, de nuances, de possibilités. Il réunit au lieu de soumettre.
Miyazaki, Alice, Bachelard…
Le film de Miyazaki est un voyage onirique, initiatique, poétique et philosophique. L’art de ce créateur est un jeu permanent, jeu avec les références. On y repère Alice et sa porte, on révise son Bachelard. Le jeu entre maîtrise et exubérance, perspective architecturale et formes végétales est l’un des moteurs graphiques du film. Le mouvement est permanent. L’image et son cadre tour à tour jaillissent vers le spectateur ou l’absorbent. Les plans apparemment fixes explosent, comme ces fenêtres omni présentes. Comme les livres, elles permettent de passer d’une réalité à une autre. Elles ouvrent sur des mondes aussi bien intérieurs qu’extérieurs. Le voyage est permanent.
La lumière et la magie
La lumière aussi émerge de ce double mouvement qui jaillit des profondeurs et absorbe nos sens. C’est à ce point de rencontre que se joue la magie de Miyazaki.