Le pont d’Avignon, c’est pas Macron

Le pont d’Avignon, c’est pas Macron

13 juillet 2024 Non Par Paul Rassat

Interview exclusive et totalement imaginaire d’Emmanuel Macron pour Talpa Mag. Suite à la dissolution de l’Assemblée, certains complotistes vont jusqu’à accuser Emmanuel Macron d’avoir dissous le Pont d’Avignon. ( Photo©Avignon Tourisme).

Monsieur le Président, vous démentez formellement la dissolution du Pont Saint-Bénezet ?

Oui, avec la plus grande vigueur. Ce pont était démoli bien avant mon élection, tout comme la démocratie que je m’emploie à reconstruire sur des bases saines.

Tout de suite après votre première élection Talpa vous avait écrit pour insister sur le lien de confiance à rétablir avec les Français. Vous n’aviez pas répondu.

Il me fallait répondre à des urgences. Passer devant la pyramide du Louvre, prendre des décisions importantes, rendre compte à Brigitte…

En atermoyant, vous êtes passé de la question de confiance à la probable motion de censure contre le gouvernement. Vous avez donc dissous sous la pression.

Pas du tout ! J’ai décidé de dissoudre parce que je commençais à m’ennuyer. Vous savez combien nous aimons limer, Brigitte et moi.

?

Limer au sens que lui donne Montaigne. Limer, frotter nos cerveaux, réfléchir, débattre. Et j’avoue que ce second mandat commençait à transpirer l’ennui. Il faut supporter les lèche-bottes des ministères, l’onctuosité prétentieuse des conseillers qui pètent plus haut que leurs neurones. La perspective des JO, des cérémonies à rallonge avec Hidalgo et Amélie Oudéa-Castéra…que j’appelle AOC. Mon Dieu, que d’ennui rajouté à l’ennui ! Et puis la démocratie qui s’encrasse. Il me fallait prendre une décision. Brigitte m’a conforté en ce sens. « Prends une décision » m’a-t-elle dit. » Sois à la hauteur des grandes figures du théâtre. Meus-toi au-dessus de la mêlée. » Et puis, situation de dingue, il y a une chose dont personne ne parle. La Constitution de la V ème République date de 1958. 2024 moins 1958 = 66 ! 66 ! Le diable à quelque chose près ! Il me fallait absolument frapper un grand coup. J’ai dissous !

Sans vraiment consulter.

Lequel de mes interlocuteurs aurait été à la hauteur ?

Les anciens Présidents.

Nicolas ? Je l’appelle Joe, quand nous nous rencontrons. Il me fait penser à Joe Dalton. Même sale caractère mais meneur d’hommes. Pas du niveau. Hollande ? Le père Ubu qui dénonçait la phynance alors que je viens du monde de la finance ? Le type est lourd, l’esprit plombé par l’anaphore. Vous vous souvenez : «  Moi président, moi président… » Non, je devais prendre seul cette décision.

Et maintenant ?

Maintenant, « Il faut laisser du temps au temps. »

C’est du Mitterrand.

Oui. Il a inventé le « en même temps » avant moi. Résistant et proche de Vichy. Danielle et Anne Pingeot. Subtil manœuvrier, fin stratège. Je ne me réclame pas du tout du mitterrandisme en politique mais dans l’esprit.

François Mitterrand croyait justement  aux forces de l’esprit.

J’en ai aussi. Peut-être trop ; il est parfois difficile de me suivre. Je hais l’ennui et l’uniformité d’où il naquit. D’où le coup de dés de la dissolution.

Vous avouez que ce fut un coup de dés !

Je suis joueur dans l’âme. Au point d’avoir nommé Christophe Castaner ministre de l’Intérieur. Et puis, je peux en parler puisque nombre d’analystes le soulignent : je n’aime pas perdre. C’est pour cette raison que je m’entoure de personnalités plutôt falotes. Elles ne me contredisent pas et me mettent en valeur.

Comment voyez-vous la fin de votre mandat ?

À l’Élysée.

Mais encore ?

Je songe à modifier le régime présidentiel. Pour ce faire j’ai demandé à Fabrice Desvignes, qui dirige les cuisines de l’Élysée, un régime adapté, à base de soufflés. Avec Brigitte, nous observons de près comment les soufflés prennent, comment ils se maintiennent fièrement ou retombent. C’est une source d’inspiration pour la politique à mener.

Monsieur le Président, vous ne regrettez pas d’avoir dissous ?

Pas du tout. Je m’amuse, je tiens le manche et les manettes ! Brigitte suit le jeu avec passion. Et puis je dois avouer que je me suis pas mal inspiré de Top Chef. Tout le succès de l’émission repose sur la compétition et sur le stress d’avoir à respecter le temps donné pour chaque réalisation. Je crois que je vais bientôt imposer le sablier et, le moment venu, ordonner aux partis : «  Levez les mains ! » Les programmes de certains seront éliminés à cause du dressage. Les autres seront dégustés et classés. Il n’y aura pas d’épreuve de rattrapage.

Ne seriez-vous pas dans la cuisine politique ?

Je pense écrire un livre de recettes politiques après mon second mandat. Le cuisinier de la V ème. Et puisque nous avons commencé la conversation avec le Pont d’Avignon, j’envisage de le terminer et de le restaurer, comme la démocratie. Je suis un bâtisseur et un restaurateur!