« Le Trip Rousseau » de Dominique Ziegler, sur scène

« Le Trip Rousseau » de Dominique Ziegler, sur scène

29 mai 2021 Non Par Paul Rassat

Jean-Jacques Rousseau ?
Un petit mec de Genève

« Et ce qui est le plus fascinant est que rien ne prédestinait ce petit mec de Genève, un peu bizarre, un peu menteur, un peu vaurien, à devenir le penseur le plus influent de l’Histoire. » Voici ce que Dominique Ziegler pense de Jean-Jacques Rousseau. Excellent point de vue si l’on pense que dans les années 70 les spécialistes de Rousseau réunis en colloque à Aix-en-Provence ne cessaient de donner de-ci, de-là des « Jean-Jacques » dégoulinants de mièvrerie. À Annecy reste du passage de Rousseau un « Balustre d’Or » bien discret et dans les mémoires l’image d’Épinal d’un jeune homme appelant « Maman » Madame de Warens.

Une œuvre capitale

C’est oublier la portée d’ouvrages comme « Du contrat social » et « Discours sur les fondements de l’inégalité chez les hommes » parus à l’époque de la monarchie absolue, comme le souligne Dominique Ziegler. Celui-ci note aussi : « La multiplicité de ses champs d’investigation est, elle aussi, fascinante. Musique, système politique, botanique, éducation etc. Il a innové dans tous les domaines qu’il a abordés. »

La pièce revient aux sources. Elle fait revivre le personnage. Les spécialistes de Rousseau y trouveront leur compte, ceux qui le découvriront aussi. Le Trip Rousseau ! Le titre est parlant : découverte, rythme, plaisir de découvrir une pensée dans ses contradictions, ses changements.

Une pensée dynamique, en mouvement

S’appuyant sur l’œuvre même de Rousseau et sur de solides études, le travail de Dominique Ziegler envisage la pensée de Rousseau de manière dynamique sur scène mais aussi dans ses prolongements les plus actuels. « …de Guy Debord à Robespierre, en passant par Marx, Calvin ou Julian Beck, ce sont une floppée de personnages postérieurs à Jean-Jacques qui interviennent pour payer leur tribut intellectuel, politique ou artistique à l’apport déterminant de Rousseau sur leur propre pensée ».

Alors que Voltaire décrète « Il faut cultiver notre jardin » et cultive effectivement celui de Ferney, Rousseau prône le voyage à pied qui permet d’être libre, de partir et d’arriver à son heure, d’herboriser, de vivre sainement, d’avancer à sa guise en se détournant de tout chemin tracé d’avance.

Le « Trip Rousseau » une sorte d’herborisation scénique ? Au Théâtre de Bienne Soleure (surtitré en français).