L’espace et le regard

L’espace et le regard

9 septembre 2023 Non Par Paul Rassat

Dans L’espace et le regard Jean Paris étudiait la place que les œuvres d’art laissent au regard du spectateur. Certaines réalisations peuvent être techniquement parfaites, elles n’invitent pas à une conversation avec le public. Cette relation dépend aussi de la façon dont l’œuvre est disposée dans l’espace. Marc-Alain Ouaknin écrit « Tous ces arts ne se bornent pas à découvrir l’espace, mais ils doivent le conquérir, et chacun le conquiert à sa manière, propre et spécifique.

Ils ne sont pas de simples transpositions ou copies d’un espace rigide préexistant, mais des voies d’accès à l’espace ; ils ne reproduisent pas mécaniquement une extériorité préexistante des choses, mais ils sont les véritables moyens de la construction de l’espace. C’est  en ce sens que Paul Klee affirme : «  La peinture ne montre pas mais rend visible. » »

Occuper l’espace

Ouaknin souligne que chaque culture occupe l’espace différemment. Les œuvres sont accrochées à hauteur de spectateur en Occident. Leur disposition structure l’espace. L’Orient s’organise davantage à partir des tapis, donc du sol. Une exposition croise deux axes en fonction de la déambulation, horizontal avec le déplacement, vertical avec le regard.

Nous en œuvres d’art

«  La peinture ne montre pas mais rend visible ». C’est ce que montre  Darian Leader dans Ce que l’art nous empêche de voir. Il part du vol de La Joconde en 1911 par Vincenzo Perrugia. Il n’y eut jamais autant de monde à cette époque que pour voir l’espace vide qu’avait occupé le tableau. Ceci pose une question. Qu’allons-nous voir quand nous nous rendons à une exposition ? Éventuellement des œuvres d’art. Ou bien découvrir et explorer la relation que nous avons avec elles ? Et finalement, pourquoi, dans cette relation, ne pas nous privilégier nous-mêmes ? Il serait amusant de concevoir des tableaux réalisés afin de produire des selfies de qualité, originaux et personnalisés à la fois. La démarche esthétique ultime pourrait consister en une exposition de selfies qui constitueraient les œuvres d’art.

L’abolition de l’espace

L’abolition de l’espace extérieur à soi via le selfie aboutit à la confusion totale entre l’extérieur et l’intérieur. Le monde et soi.